A quoi sert l’hypnose ? 6 questions à Gérald Brassine, hypnothérapeute

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interview-gerald-brassine-fr3-nord-pas-de-calais-questions-3A l’occasion de l’invitation de Gérald Brassine à l’émission Nord Pas-de-Calais Matin, le jeudi 3 novembre 2016, pour la sortie de son roman « La vengeance du jaguar », les journalistes de France 3 lui ont posé six questions sur l’hypnose.

 

Définition

« D’habitude on a tendance à penser qu’en hypnose on est sous la domination de quelqu’un qui nous suggère des choses. C’est l’image véhiculée par les hypnotiseurs de foire ou de spectacle… Mais, ce n’est pas cela. La thérapie se fait grâce à l’imaginaire du patient. C’est lui qui travaille. Par exemple, quelqu’un qui s’angoisse pour ses enfants ou qui a peur que sa femme le trompe crée de l’adrénaline qui provoque du stress, puis de la colère. Puis, plus il y pense, plus ce sentiment est puissant. L’hypnose va non seulement pouvoir atteindre, dénicher cette angoisse, cette représentation mentale mais aussi changer, transformer les images, les émotions, les stimulis des 5 sens à ce propos. Et apaiser. C’est comme ça par exemple qu’on travaille sur les traumatismes. Ceux-ci sont des souvenirs d’incidents traumatiques profondément inscrits dans notre inconscient parce que nous étions plongés (1) en hypnose par le choc des émotions. Il faut donc un autre moment d’hypnose (thérapeutique) pour aller là où se trouvent ces contenus traumatiques pour les y effacer. On ne change pas le passé, mais bien les inscriptions qui sont faites dans notre esprit « inconscient »

 

Pour les traumas : hypnose ou psychanalyse ?

« Beaucoup de traumatismes sont mal soignés en France et en Belgique par les psychothérapies traditionnelles. On croit que parler ça fait du bien. Et bien non en matière de traumatisme. Quelqu’un qui a été agressé physiquement, ou sexuellement, a enregistré cela dans une partie de son cerveau. En psychanalyse, on peut parler pendant des années d’un traumatisme sans modifier l’état de la conscience. Ce faisant, on réveille la souffrance on peut développer des maladies psychosomatiques et ça peut aller jusqu’au suicide du patient. En fait, on répète le traumatisme, c’est ce qu’on appelle la « victimisation secondaire ». Mais ça ne s’arrête, pas là, après le patient doit changer cette représentation mentale, ce traumatisme dont Serge Gainsbourg, par exemple, avait superbement décrit la mécanique » (cf Flash Forward)

 

Ensuite, accéder à l’inconscient ?

Et Gérald Brassine de décrire comment une séance d’hypnose peut se dérouler : « L’hypnose ne découle pas de la suggestion mais du jeu de l’imaginaire du patient par le patient lui-même et pour que le patient vérifie concrètement que l’on ne peut en rien le forcer, le manipuler il sera invité pour créer son hypnose à : »par exemple, cela peut consister pour le patient à penser à quelque chose qui lui fait du bien : le soleil, une plage, les copains. Là, le cerveau, simplement, se détend, sécrète même de la mélanine pour éviter les coups de soleil, comme si il y était vraiment. Puis une fois agréablement protégé dans cet état naturel, semblable à « être dans la lune » le patient peut alors aborder délicatement le problème. Si la personne est dépressive, elle refoule ses émotions, elle garde en elle sa rage et sa tristesse, etc. Sous hypnose, dans cet état de conscience elle peut alors reprendre le contrôle de son système nerveux autonome, c-à-d ses émotions et ses sensations (qui vont parfois jusqu’aux maladies psychosomatiques les plus graves. Par exemple, si vous avez perdu un être cher, votre emploi, si votre femme est partie avec votre meilleur ami, en hypnose, vous allez pouvoir lui casser la figure avec une grande violence et faire ressortir cette rage, en accédant à l’inconscient. Il n’y a pas de code pénal qui tienne en hypnose. » 

 

Hypnose, sophrologie, méditation de pleine conscience, EMDR, même combat ?

Depuis deux ou trois siècles les personnes qui utilisent l’hypnose disent que le « cerveau est bête » au sens où il ne fait pas complètement la différence entre le réel de l’imaginaire, et Gérald Brassine rajoute : « c’est en cela qu’il est malin ». Si effectivement la dépression est le refoulement des émotions, une fois en hypnose si la personne peut enfin toucher sa colère et en imagination exprimer cette colère sur quelque agresseur qu’il a rencontré (agressions sexuelles dans l’enfance ou viol à l’âge adulte, fait de guerre, agressions en rue, braquage, catastrophes dans la salle d’accouchement, fausses couche, etc…, cette rage va enfin pouvoir s’exprimer, le refoulement de la tristesse va s’arrêter en pouvant re-contacter sa tristesse dissociée, refoulée. Son deuil va enfin pouvoir se faire ! L’hypnose permet entre autre de faire une sorte de psychanalyse à très grande vitesse et en toute sécurité ! Les psychanalystes se régaleront d’intégrer ce type d’hypnose (PTR) pour faire ce qu’ils font déjà, mais en quelques séances au lieu de quelques années ! Dans les cas bien plus graves de traumas le fait de cette plasticité mentale en hypnose est d’un avantage énorme pour effacer les affects, images, sensation, odeurs qui sont imprimés. Les traumas sont résistants à la transformation, à l’insensibilisation sans l’usage d’un état modifié de conscience assisté par un professionnel actif. Il s’agit dans ce type d’hypnose de réaliser un travail égalitaire dans lequel patient et thérapeute font chacun leur travail ! Il ne s’agit plus d’une hypnose passive et parfois involontairement dominante dans laquelle le patient subit les métaphores, les propositions directes ou indirectes. Ici il co-cré avec le thérapeute d’importants changements parfois en un instant, alors même qu’il a travaillé ce trauma en thérapie verbales classique souvent pendant des années ! On est loin des craintes légitimes de Freud en ce qui concerne les suggestions directes, on est loin des hypnotiseurs de spectacle qui font croire à leur domination absolue sur leurs sujets. »

 

Hypnose et addictions

Dans le traitement des addictions, comme la cigarette, l’hypnose est-elle également efficace ?
« Là, la question est de savoir, sous hypnose, s’il y a pas une véritable raison, une raison cachée, pour laquelle on fume. Par exemple, je me souviens d’une mère de famille qui me révélait qu’elle avait un cinquième enfant lourdement handicapé qui demandait beaucoup d’attention. Ma patiente était par ailleurs professeur et fumait 20 cigarettes par jour et on s’est aperçu qu’elle avait en fait besoin de temps pour elle et qu’elle fumait essentiellement pour se retrouver. Une fois cette prise de conscience établie, elle a pu réduire facilement sa consommation à 10 cigarettes comme elle le souhaitait. Elle avait pris conscience de pourquoi elle fumait et a imaginé d’autres façons de se retrouver ».

 

Hypnose et opérations

« L’hypno-anesthésie a été utilisée, entre autre, par James Esdaile, un médecin britannique en Inde, à l’hôpital-prison de Calcutta en 1885. A l’époque ont n’avait pas d’anesthésiants, et les résultats obtenus par hypnose ont été excellents. Aujourd’hui, il y a de plus en plus d’opérations qui  se font avec hypnose, mais pas toutes évidemment ! Je ne suis pas anesthésiste et ne suis donc pas compétent pour vous en parler. Le Dr Faymonville au CHU de Liège en Belgique à révolutionné cette pratique, entre autre au bénéfice des personnes allergiques aux anesthésiants. Elle a formé des centaines d’anesthésistes et de dentistes à cette spécificité de l’usage de l’hypnose. Par ailleurs et dans le cadre de préparations aux interventions chirurgicales avec anesthésiants classiques et narcose complète (sommeil) on peut quelques jours avant l’intervention chirurgicale, demander en hypnose, au corps d’augmenter ses capacités naturelles d’auto-guérison, comme l’accélération de la cicatrisation, l’élimination des inflammations, l’élimination du choc dû aux effets des anesthésiants et curare et d’effectuer aussi une anesthésie hypnotique durant la chirurgie qui se prolongera bien après le réveil. Les effets en sont stupéfiants ! A de nombreuses reprises, des médecins m’ont fait part de leur étonnement de la rapidité de la remise sur pieds de leurs patients et en me disant aussi que grâce à ces préparations avec hypnose, le corps des patients, passez-leurs l’expression : s’ouvrait comme un bifteck à 1000 euros les 100 grammes ! Ceci veut dire qu’on a demandé au corps d’accepter l’incision du bistouri comme amie, alliée et que de ce fait au lieu de se contracter les tissus s’ouvrent, acceptent l’incision. Lorsque les tissus scindés sont remis ensemble ils ses re-soudent à nouveau beaucoup plus facilement et la guérison du patient est rendue plus facile et beaucoup plus rapide.

(1) L’hypnose phénomène naturel peut-être provoqué par bien des moyens différents. Elle s’impose à nous entre autre lors de grands chocs émotionnels particulièrement lors de moments pénibles pour nous en protéger (anesthésie, dissociation, oubli, etc.)

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