« J’ai l’impression d’avoir lâché une couche de mère surprotectrice et paniquée à la moindre chose concernant Léo.
J’ai l’impression que nous respirons mieux lui et moi. Je me sens moins engluée dans un rôle de « sauveuse » et étrangement, je me sens plus légère »
Thérapeute : Françoise Bidart
Nous avons commencé la séance avec le « Bon Moment » de mon accouchement de Léo quand (après toute la « partie sombre ») il s’était hissé du haut de ma poitrine vers mon nez pour le téter.
Je ne sais plus ce qui s’est passé après cela : je sais juste que soudain j’ai été envahie d’une très grande tristesse alors que je voulais uniquement rester dans ce chouette moment. Je me suis sentie bloquée dans cette tristesse et très seule. Et perdue. Parce que j’essayais de la contrôler et que je n’y arrivais pas.
C’est assez difficile de restituer en ordre structuré ce qui s’est passé dans la suite de la séance : ça reste assez flou pour moi.
Je sais juste que Françoise m’a permis de dire ce qui s’est passé le jour de l’accouchement.
En fait, Léo est un enfant créé par FIV, la grossesse a été très surveillée mais tout s’est bien passé durant les 9 mois.
Le Jour J (accouchement non provoqué), durant le travail, Léo a montré des signes de souffrances face aux contractions. Il ne les supportait plus et il a fallu faire une césarienne en urgence. J’avais confiance dans ma gynécologue et l’équipe mais je craignais par dessus tout que les manques d’oxygénation du cerveau observés ne provoquent des lésions irréparables. Pendant la césarienne, il y a eu beaucoup de sang partout et sur le sol.
Revivre ces moments a été dur, il y a donc eu des larmes. Et je me souviens de ma respiration très intense et rapide.
Ensuite, Françoise m’a fait revivre mon accouchement d’une façon beaucoup plus sereine et positive : elle m’a proposé de créer le décor de ma chambre d’hôpital et de la salle d’accouchement, d’y mettre la déco que j’aimais, les couleurs, les sons, le paysage dans lesquels je me sens bien. Elle m’a invitée à ressentir dans mon corps la naissance qui approchait, elle m’a fait « accoucher par voie basse » (comme c’était prévu au départ, évidemment).
Tout s’est bien passé en salle d’accouchement. J’ai pu revenir dans ma chambre hyper confortable et profiter de ces premiers bons moments.
Puis Françoise a fait grandir Léo, année après année. Je l’ai vu s’épanouir, être en pleine santé.
J’ai dû évoquer ma relation quelque peu fusionnelle avec Léo et ma tendance à le protéger pour préserver son hyper-sensibilité.
Françoise m’a alors proposé de placer autour de Léo une bulle, de la matière de mon choix. J’ai choisi une bulle de savon, translucide et pleine de reflets colorés. Françoise m’a proposé de placer dans la bulle de Léo des objets qui pourraient le protéger : j’y ai mis des plumes pour la douceur, son doudou (Françoise avait cloné son doudou de lit) et des personnages de dessins animés qu’il apprécie pour leur force et leurs pouvoirs.
Françoise m’a proposé de me donner aussi une bulle qui me protégerait et me permettrait en même temps de garder une distance avec Léo.
J’ai aussi choisi une bulle de savon parce qu’elles ont la capacité de se coller un moment puis de se décoller tout en restant entières et légères. Dans ma bulle, j’ai placé des plumes et la main de mon père (Françoise m’avait demandé si j’avais un guide dans la vie).
Françoise m’a permis de me laisser m’imprégner de cette sensation de bien-être et d’y associer un ancrage.
Ma respiration s’est apaisée et j’ai ressenti des fourmillements dans le ventre (signe de digestion des émotions, a-t-elle dit !)
Depuis ce travail, j’ai la sensation – peut-être subjective – que ma relation à Léo s’est modifiée. J’ai l’impression d’avoir lâché une couche de « mère surprotectrice et paniquée à la moindre chose le concernant ». J’ai l’impression que nous « respirons » mieux lui et moi. Je me sens moins engluée dans un rôle de « sauveuse » et étrangement, je me sens plus légère. Je me demande même si je ne suis pas en train de « perdre du ventre » 😉
Et je perçois aussi des changements positifs dans la relation avec mon mari.
Bref, cette séance très douce avec Françoise (qui l’est aussi) a été quelque chose de très subtil, qui se diffuse lentement et continue à diffuser ses effets bien après. Les effets, c’est notamment une réorganisation de mon rapport à moi, de mon regard sur moi, mais surtout de mon rapport à l’autre, directement à Léo et mon mari, mais je suis convaincue que je découvrirai encore des résonances ultérieures dans d’autres contextes et relations.
Sophie T
