Protections dissociatives. Anesthésiants pour l’hypnothérapie du trauma.

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Revue HYPNOSE & THERAPIES BREVES numéro 55 - Novembre 2019Gérald Brassine, publié en Novembre 2019 dans la revue HYPNOSE & THERAPIES BREVES n° 55

 

Une bonne compréhension de l’hypnose est centrale pour saisir les mécanismes hypnotiques qui sont à l’œuvre dans la création des États, tellement douloureux, de Stress Post Traumatiques (ESPT).

Si la nécessité du recours à un état modifié de conscience (ou hypnose) est en passe d’être reconnue comme indispensable pour le travail en thérapie du trauma, un pas de géant reste à faire pour beaucoup de thérapeutes qui ne savent pas encore réutiliser les propriétés protectrices des réactions hypnotiques à l’œuvre au moment d’un trauma.

Pour cela, il faut oser s’approprier une conception paradoxale : utiliser ce qui est devenu un symptôme, l’augmenter…pour mieux s’en débarrasser !

 

C’est ce que propose la Psychothérapie du Trauma Réassociative (PTR).

L’utilisation bénéfique des phénomènes dissociatifs est réalisée dans le cadre d’une Hypnose Conversationnelle Stratégique, douce, respectueuse et protectrice pour le patient. Une panoplie d’outils thérapeutiques inventifs, et même souvent rigolos, pour la résolution rapide des États de Stress Post Traumatiques, mêmes les plus graves, est offerte aux victimes qui, bien informées, s’en servent avec la justesse que réclame leur inconscient.

 

Atteindre l’inscription du trauma sur nos « plaques sensibles », grâce à l’hypnose

Lors d’un choc émotionnel, ou d’une douleur physique intense, nous sommes violemment et immédiatement plongés en état de transe ou hypnose : les émotions nous submergent ou disparaissent, toutes nos perceptions sont en état d’alerte ou bloquées, notre état de conscience est modifié.

A ce moment précis, le trauma s’inscrit en nous, « sur nos plaques sensibles » et se répercutera dans toute notre vie.

Pour réparer les dommages faits dans l’intériorité de notre personnalité, il faudra ré-accéder à « nos plaques sensibles ». Le meilleur moyen sera de réutiliser l’hypnose… Cette mal nommée, galvaudée, trop souvent mal comprise…

Si l’entrée en état d’hypnose peut se faire lors d’une expérience pénible, elle peut aussi se faire dans la douceur. Elle nous est à tous familière. C’est cet état de conscience intérieure amplifié, atteint très simplement quand nous utilisons notre mémoire, notre imaginaire ou quand nous sommes dans des émotions positives : amoureux, créatifs, sportifs… nous présentons tous, et souvent, les caractéristiques de l’état d’hypnose !

En réalité les mécanismes en présence au moment d’un trauma sont simples à comprendre. Peu ou prou, nous les avons tous expérimentés, que ce soit en situation de grand stress, de menace grave pour notre vie ou celle d’un proche, au moment de l’annonce d’une mauvaise nouvelle, etc.

 

Lors d’un choc émotionnel intense, quand nous sommes plongés dans la peur, notre cerveau, magnifiquement équipé, nous protège immédiatement au moyen de phénomènes hypnotiques puissants :

 

Essai de liste, non exhaustive, des phénomènes hypnotiques protecteurs lors du trauma et dans sa suite

« L’anesthésie physique » permet de ne pas ressentir les coups, de se sortir de la voiture accidentée malgré les blessures, protège sur le champ de bataille, etc.

« La dissociation » (se ressentir comme étant en dehors de son corps): permet de s’extraire mentalement d’une situation dont on ne peut s’échapper (en cas de violence domestique ou autre). On peut avoir l’impression d’être à côté de soi-même, d’être comme collé au plafond (lors d’un viol par exemple), d’être ailleurs, etc.

« La dépersonnalisation » donne la sensation que les évènements sont vécus par quelqu’un d’autre, « c’est un autre qui joue dans ce film »…

« L’anesthésie émotionnelle » et les nombreuses autres formes de distorsions émotionnelles, permettent de ne plus ressentir d’émotions ou bien qu’elles soient comme « décalées ». Elles provoquent des éclats de rire incongrus dans une situation dramatique ou, tout aussi curieusement, font tomber follement amoureux d’un agresseur, lors d’une séquestration, d’un braquage (Syndrome de Stockholm), etc.

Des variantes peuvent apparaitre dans ce cortège de phénomènes hypnotiques :

« La sensation de disparaître », « d’être comme mort »

« Être totalement concentré sur un point », « j’étais ce point » dans le papier peint, j’étais dans cette fissure du mur…

Être, comme « mis sur pause, dans une couleur », dans un arrêt perceptif total: « tout » est devenu blanc, ou bleu, etc.

« La catalepsie* », permet de ne plus bouger, de réprimer tout cri et de ne pas se faire remarquer par un agresseur, de laisser passer un danger…

Par contre, cette paralysie, l’impossibilité d’appeler à l’aide, de se débattre, (etc.) sont souvent à la base des sentiments de culpabilité et de honte créés par la réalité bien concrète de n’avoir rien fait, d’être resté sans rien tenter.

*Appelée aussi la pétrification ou sidération

Les « distorsions du temps » permettent de percevoir un événement comme ayant duré un temps éclair ou de profiter de l’élasticité du temps et des déformations perceptives qui en découlent : « tout s’est ralenti, j’ai vu le coup arriver et j’ai pu réagir comme jamais! » « le temps s’est arrêté et j’ai tout vu dans les moindres détails ».

« L’hébétude » permet, en « étant bête », de ne pas comprendre et de ne pas devoir intégrer une réalité ou un événement inacceptable.

Le fait de « ne plus pouvoir penser du tout » est une des variantes de la distorsion cognitive d’hébétude.

La sensation d’irréalité « ce n’est pas réel » permet elle aussi de ne pas intégrer les faits dans son mode de compréhension du monde

« La sensation d’inventer » ce que l’on vit (ou a vécu), autre déclinaison de l’hébétude, à mi-chemin du phénomène d’amnésie.

« L’amnésie » : on ne peut l’oublier dans cette liste! Elle protège de l’inacceptable.

A noter que ces deux derniers phénomènes s’installent immédiatement ou quelques temps après l’incident traumatique.

Et « last but not least » :

« La psychosomatique », phénomène hypnotique transformant les souffrances émotionnelles insoutenables en douleurs physiques plus acceptables.

Ce phénomène particulier gagne à être reconnu et surtout utilisé en thérapie comme un phénomène hypnotique à part entière.

Depuis une quinzaine d’années, cette acceptation, propre à l’IMHEB, de la psychosomatique en tant que phénomène hypnotique protecteur, permet aux thérapeutes une grande efficacité dans le traitement de nombre de maladies (ulcères, béances du cardia, hernies hiatales, colons irritables, plusieurs polyarthrites, certaines maladies dermatologiques, fibromyalgies, pudendalgies, etc.) lorsqu’elles sont d’origines psychosomatiques, émotionnelles.

Tous les phénomènes hypnotiques énumérés ci-dessus, sont autant de protections (passives) qui, en cas d’accident traumatique, se combinent de façons différentes et propres à chacun des sept milliards d’individus que compte cette planète.

 

Incrustation non désirable et symptomatique des phénomènes hypnotiques

Le problème avec les phénomènes hypnotiques dissociatifs (et de distorsion de la perception), c’est qu’une fois l’incident traumatique terminé, ils ont tendance à devenir chroniques « à bas bruit » et à s’intensifier chaque fois que se présente une situation rappelant l’incident traumatique. Ces phénomènes dissociatifs deviennent alors symptômes :

Un bruit d’explosion pourra remettre la personne qui a survécu à une fusillade, par exemple, dans une paralysie, doublée d’une anesthésie émotionnelle et déclenchera de violents maux de tête.

Il arrivera éventuellement à la personne autrefois violée ou abusée, de se retrouver anesthésiée physiquement et émotionnellement dans les bras de la personne qu’elle a pourtant aujourd’hui choisie; ou de se sentir comme collée au plafond. Parfois, le visage de l’agresseur du passé surgit et se juxtapose au visage de la personne aimée; ou son odeur…

La conduite d’une voiture devient impossible au survivant d’un accident grave, à cause de l’angoisse ou de la terreur créées par ces phénomènes, associées ou non à des manifestations physiques, des vomissements, par exemple.

 

C’est au thérapeute de les débusquer

Les combinaisons possibles de phénomènes hypnotiques changeants et surprenants, voire terrorisants, sont illimitées.

L’étrangeté de certains phénomènes, comme les hallucinations, peut faire craindre à la personne victime d’état de stress post traumatique qu’elle soit devenue folle. Parfois, ces phénomènes sont tels qu’ils peuvent même faire penser à un médecin, un psychologue, etc., non averti qu’il se trouve face à une personne psychotique. Certaines victimes de trauma se voient prescrire des médicaments antipsychotiques…ce qui confirme, à tort, leurs pires craintes.

Elles éviteront la plupart du temps de parler des phénomènes troublants et perturbants qui les assaillent, même à leur thérapeute, de peur d’être jugées…

A qui sait les voir, les phénomènes hypnotiques apparaissent toujours lors de la simple prise d’informations en thérapie. Malheureusement ils passent trop souvent inaperçus…ou tout au contraire effraient, parce qu’ils ne sont pas reconnus pour ce qu’ils sont, c’est à dire des protections… ou bien leur mode d’emploi n’est tout simplement pas connu par les thérapeutes inexpérimentés dans leur délicate et pourtant salvatrice utilisation.

 

Parler du trauma ne suffit pas, c’est même néfaste

Et, NON, malheureusement, ces symptômes ne s’apaisent pas avec le temps !

Ils sont résistants aux thérapies conventionnelles. Celles qui n’utilisent que la parole ont même la fâcheuse tendance à accentuer gravement les souffrances, par ce qu’on appelle « la victimisation secondaire ». Faire parler de leur trauma les personnes qui en ont vécu, c’est le leur faire « revivre à vif ». Quand elles se le remémorent, elles sont toujours replongées dans l’émotion, la pétrification, la dissociation (etc.) telles qu’elles l’étaient au moment du trauma. Ces personnes retournent immédiatement en état de transe. Championnes, bien malgré elles, d’une hypnose à la dure !

 

Oser utiliser les phénomènes hypnotiques, même et surtout, quand ils sont devenus symptômes

Utiliser les phénomènes hypnotiques dissociatifs devenus symptômes ne va pas de soi.

Leur apparence est déroutante voire effrayante.

Cependant, pour un thérapeute habitué aux concepts paradoxaux de l’école de Palo Alto, l’intérêt d’augmenter ces phénomènes hypnotiques et d’utiliser leur propriétés dissociatives protectrices, pour traiter le trauma, se révèle vite être une évidence.

Un patient qui apprend, avec son thérapeute, à maitriser et à augmenter la dissociation pendant la pratique de l’hypnose est un patient protégé !

 

Les thérapeutes, si ils veulent être rapidement efficaces, doivent être capables de dépasser leur première impression: c’est de cette manière qu’ils seront doux et respectueux du besoin de protection du patient… à tout instant !

 

Les phénomènes hypnotiques dissociatifs qui viennent spécifiquement à notre aide au moment du trauma 

sont mobilisables et réutilisables en tant que puissantes protections en thérapie.

Afin de bien le garder à l’esprit, nous avons choisi de les appeler :

 

« PROTECTIONS DISSOCIATIVES »

 

Les Protections Dissociatives sont des anesthésiants

Pour que le patient souffre le moins possible, les transformations de souvenirs traumatiques et de leurs effets corporels (psychosomatiques) se font toujours, selon le modèle IMHEB, au moyen des PROTECTIONS DISSOCIATIVES.

Comme le chirurgien a besoin des anesthésiants pour travailler, le thérapeute en PTR a besoin d’elles pour aider le patient à opérer son travail dans le trauma.

Le patient comprend étonnamment vite et vérifie tout de suite l’utilité de l’entrainement particulier aux Protections Dissociatives qui est fait en PTR. Il s’en amuse rapidement.

C’est grâce à elles que les changements sont rapides parce que, précisément, ils s’effectuent en contrôlant la douleur et en maîtrisant maintenant les phénomènes hypnotiques subis jusque là.

C’est aussi grâce aux Protections Dissociatives que la désensibilisation du trauma se fait bien souvent dans le rire.

 

Une hypnose conversationnelle active avec un patient responsabilisé et collaborant à une « thérapie sur mesure »

Le patient est en permanence dans un état modifié de conscience dans lequel il parle, refuse ou accepte les propositions qui lui sont faites par le thérapeute qui lui, de son côté, tient compte des remarques et refus du patient et s’y adapte à tout instant.

La participation active et responsable du patient dans la création de son état d’hypnose, de la transformation de ses souvenirs et sensations corporelles fait que, pendant ce travail conjoint où chacun a sa part à fournir, le patient reprend avec bonheur le contrôle sur lui même, sur ses émotions et sensations.

Que ce soit suite à un trauma unique, ou dans le cas typique de la femme maltraitée par un pervers narcissique, ou dans celui de l’enfant qui a vécu des années dans une ambiance de conflits et de violences conjugales ou familiales, patient et thérapeute réveillent ensemble les compétences et ressources propres du patient qui avaient été oblitérées, oubliées, depuis l’agression ou les agressions endurées, et ce, parfois de manière répétées durant des années…

 

Bien appréhender le rôle des réactions hypnotiques à l’œuvre au moment d’un trauma, permet de faire apparaître  et de mettre en lumière l’absolue nécessité de réutiliser leurs propriétés protectrices en thérapie.

Dans le cadre d’une hypnose conversationnelle active, elles permettent de travailler confortablement au cœur et dans le vif du trauma, de le désensibiliser avec tout le confort possible et de sortir rapidement des effets tragiques des ESPT.

Illustration

« Le Bleu »

Une jeune femme, trentenaire, victime d’un viol particulièrement crapuleux (certains le sont-ils moins que d’autres d’ailleurs ?), vient en consultation, complètement cassée.

Elle se souvient et parle peu de l’agression qui a eu lieu quatre ans plus tôt, alors qu’elle rentrait d’une joyeuse soirée bien arrosée. Poussée dans le hall d’entrée de l’auberge de jeunesse, où elle s’apprêtait à entrer, elle sera rouée de coups. Alors qu’elle tente de se défendre, son agresseur lui frappe à plusieurs reprises la tête contre une marche d’escalier, puis l’étrangle jusqu’à ce qu’elle sombre dans l’inconscience. Elle ne réalisera avoir été violée que lorsqu’elle reprendra conscience. Des blessures internes importantes nécessiteront plusieurs chirurgies.

Elle décrit des années d’errances thérapeutiques, de phobies, terreurs nocturnes, de perte d’estime de soi (elle si forte jusque là), de douleurs mnésiques…

Le travail commence rapidement par une induction utilisationnelle où elle se retrouve dans un grand lit douillet, confortablement lovée dans les bras de son amoureux.

A partir de cet endroit et moment agréable qu’elle s’approprie, le thérapeute l’entraîne aux quelques Phénomènes hypnotiques les plus habituellement développés et utiles pour revisiter, transformer et désensibiliser les souvenirs traumatiques: dissociation, dépersonnalisation, anesthésies physique et émotionnelle…

Guidée par le thérapeute, cette jeune femme est tout de suite à l’aise avec l’hypnose conversationnelle.

Par contre, dès que l’on commence à évoquer ou s’approcher du souvenir, ses Protections Dissociatives propres, celles-là même qui se sont mises en place lors de l’agression, refont impérativement et logiquement surface. La patiente informe qu’elle a souvent « comme une lumière blanche ou bleue qui arrive et envahit sa tête ». Cela lui arrive depuis le viol, de manière intempestive et lui fait peur car elle a l’impression de ne pas maitriser les choses et ne comprend pas ce qui lui arrive dans ces moments-là.

Le thérapeute lui explique qu’il s’agit d’un assemblage de plusieurs protections hypnotiques par lequel elle ne sent, ne ressent, ne comprend, ni ne perçoit plus rien. De manière didactique, il lui fait expérimenter la maîtrise qu’elle peut avoir sur elles en les faisant varier, augmenter, s’intensifier…

La thérapie continue en faisant des allers retours en alternance entre le Lit, les transformations de l’incident traumatique et « le Blanc » ou « le Bleu ».

« Oui, tout devient blanc, ou parfois bleu…et il n’y a plus rien d’autre qui existe. C’est le point mort, c’est sur Off, mais en fait…c’est agréable »

Le thérapeute l’invite à bien sentir la lumière blanche, à l’intensifier.

Dans un sourire elle dit:

« Waw, c’est encore mieux que le Lit ! C’est comme 100 000 tonnes d’endomorphines: je suis comme agréablement droguée, c’est comme être dans un énorme nuage cotonneux! »

Chaque fois que l’exploration du souvenir s’avère un peu trop abrupte ou longue, la patiente utilise spontanément sa protection personnelle: elle s’autonomise et se sert d’elle-même du « Bleu ». Elle interrompt la conversation hypnotique et impose un arrêt sur mesure visiblement réconfortant.

A l’évidence, elle est heureuse d’enfin utiliser un phénomène qu’elle subissait avec incompréhension et dans la peur jusque là. Elle dit:

« C’est dingue, quand je pense combien de thérapeutes m’ont fait comprendre qu’il n’y aurait rien de possible à faire avec moi parce que j’étais «résistante», résistante à leurs traitements, résistante à leur science… »

Des années que j’ai passées, à aller de psy en psy, pour m’entendre dire que je bloquais toute possibilité de thérapie en me rétractant dans « le Bleu »! Ils me disaient que je devais dépasser cela !

Ils m’ont fait comprendre que j’étais nulle… Alors qu’en fait je ne comprenais juste pas ce qui se passait et que moi, tout ce que je désirais c’était pouvoir aller mieux.

C’est fou: alors que j’avais développé une super compétence, ils m’accusaient de leur incompétence! Je comprends enfin que mon cerveau me  protégeais juste parfaitement, simplement et totalement. J’étais douée…et ils m’ont fait penser que j’étais incompétente!

Ils n’ont pas reconnu la beauté du système de protection que je m’offrais!

Avec vous je le découvre, le reconnais et l’utilise, encore et encore…pour me libérer!

 

Cette jeune femme avait très simplement et naturellement développé un système de protection: chaque fois qu’un événement lui rappelait de près ou de loin la scène de viol traumatique avec risque de reviviscence, tout se boquait en elle, la mettait hors du temps et de l’espace, dans « le Bleu »…ce qui mit fin à nombre de tentatives thérapeutiques, pour cause de résistance… Avec la PTR, elle a appris, non seulement à maîtriser, mais à augmenter « ce Bleu ». Elle a appris à se mettre en hyper protection bleue pour aller changer « sur les plaques sensibles de sa mémoire », en toute sécurité, les inscriptions traumatiques de son viol.

Ce qui apparaissait comme « une résistance », ne l’a été que jusqu’à ce qu’on ait la bonne idée de s’en servir!

Tout ce travail hypnotique, conjugué avec emploi de contraction du temps, a permis une belle levée d’amnésie sur le déroulement des faits de la nuit de l’agression et une réappropriation de son histoire par la patiente.

La cohérence thérapeutique qui sous tend l’utilisation des Protections Dissociatives l’a autorisée – en dehors de toute panique, avec bonheur et même avec une joie certaine – à aller enfin « régler hypnotiquement son compte » à son agresseur.

Avec le recul et la sécurité offerts par les Protections Dissociatives, elle a pu aussi prendre soin, avec amour, de la jeune femme violentée et en complet désarroi pendant cet événement qu’elle peut maintenant, au besoin, regarder en face, sans souffrir!

 

Gérald Brassine

 

English Version

 

“Dissociative Protections”: Anesthetics for trauma hypnotherapy.

Gérald Brassine, published in November 2019 in the magazine HYPNOSES & THERAPIES BREVES n° 55″

Translation : Garbajo Antonelo Juan. July 2023

 

An understanding of hypnosis is central to grasping what can be described as hypnotic mechanisms at work in the creation of the painful states of Post Traumatic Stress Disorder (PTSD).

While the need for the use of altered states of consciousness (or hypnosis) is becoming recognized as essential for trauma therapy work, a giant leap forward is still needed for many therapists who have not yet learned how to re-deploy the protective properties of hypnotic reactions at work at the time of trauma.

To do this, one must dare to embrace a paradoxical concept: take what has become a symptom and intensify it…to get rid of it!

 

That’s what the Psychotherapy of Reassociative Trauma Therapy (PTR) offers.

The beneficial use of dissociative phenomena is achieved through strategic, gentle, respectful and protective conversational hypnosis of the patient. An array of inventive, often even amusing, therapeutic tools for the rapid resolution of even the most severe P.T.S.S.D. states are available to informed victims who use them with the accuracy their unconscious requires.

 

Reaching the trauma encoded in our memory through hypnosis

During an emotional shock or intense physical pain, we are violently and immediately plunged into a state of trance or hypnosis: emotions may overwhelm us or possibly disappear, all our perceptions are on alert or blocked, our state of consciousness modified.

At this precise moment, the trauma is inscribed in us, embedded in memory and will be reflected throughout our whole life.

In order to repair the damage done in the deep recesses of our personality, it will be necessary to re-access it. The best way will be to repurpose hypnosis… This misnamed, overused, too often misunderstood methodology.

If the entry into hypnosis can be accomplished during a painful experience, it can also be tempered and done gently. She looks familiar to all of us. It is this state of amplified inner consciousness, reached very simply when we use our memory, our imagination or when we experience positive emotions: in love, creativity, sports… we access all these, and often the characteristics of the state of hypnosis!

In reality, the mechanisms at play at the time of a trauma are simple to understand. To a greater or lesser degree we have experienced them all, whether in a situation of great stress, a serious threat to our life or that of a loved one, when bad news is received, etc.

 

During an intense emotional shock, when we are plunged into fear, our beautifully equipped brain immediately protects us with powerful hypnotic phenomena:

 

A partial list of protective hypnotic events during and after the trauma.

« Physical anesthesia » allows you not to feel the blows, to get out of the wrecked car despite injuries, to feel protected on the battlefield, etc..

« Dissociation » (feeling like you are outside your body): allows you to mentally extract yourself from a situation from which you cannot escape (in case of domestic violence or others). One can have the impression of being next to oneself, of feeling attached to the ceiling (during a rape for example), of being elsewhere, etc.

« Depersonalization » gives the sensation that the events are experienced by someone else, « it’s someone else who’s in this movie »…

« Emotional anaesthesia and the many other forms of emotional distortion, make it possible to no longer feel emotions or to feel them as if they were « out of place ». They provoke incongruous bursts of laughter in a dramatic situation or, just as curiously, make you fall madly in love with an aggressor, during a kidnapping, a robbery (Stockholm Syndrome), etc.

Variations can appear in this group of hypnotic phenomena:

« The sensation of disappearing« ,  of « being as if dead »

« Being totally focused on one point, « I was that point » on the wallpaper, I was in that crack in the wall…

To be as if « paused, in a color », in a total perceptual freeze: « everything » has become white, or blue, etc., and so on.

« Catalepsy* « , allows you to remain still, to suppress any screams and thus not be noticed by an aggressor, letting a danger pass by…

On the other hand, this paralysis, the impossibility of calling for help, of struggling, (etc.) are often at the root of feelings of guilt and shame created by the very concrete reality of having done nothing, of having attempted no resistance.

*Also called petrifaction or sideration.

The « time distortions » allow us to perceive an event as having lasted a flash of time or to take advantage of the elasticity of time and the resulting perceptual distortions: « everything slowed down, I saw the blow coming and I was able to react like never before! « Time stopped and I saw everything in the smallest detail.

« The Stupor » allows one, by « being stunned », not to understand and not to have to integrate an unacceptable reality or event.

“Not being able to think at all » is a variant of the cognitive distortion of stupor.

The feeling of unreality « it’s not real » also allows avoiding integration of the facts into our understanding of the world

« The sensation of inventing » what we are experiencing (or have experienced), is another indicator of stupor, halfway to the phenomenon of amnesia.

« The Amnesia« : we must include it in this list! It protects us from the unacceptable.

It should be noted that the latter two phenomena occur immediately or some time after the traumatic incident.

And last but not least:

« The psychosomatic« , a hypnotic phenomenon that transforms unbearable emotional suffering into more acceptable physical pain.

This particular phenomenon is gaining recognition, especially used in therapy as a hypnotic phenomenon in its own right.

For the past fifteen years or so, this acceptance, specific to IMHEB, of psychosomatics as a protective hypnotic phenomenon has enabled therapists to be highly effective in the treatment of a number of illnesses (ulcers, cardiac gap junction issues, hiatal hernias, IBS, several polyarthritic conditions, certain dermatological diseases, fibromyalgia, pudendal neuralgia, etc.) when they are of psychosomatic, emotional origin.

All the hypnotic phenomena listed above are (passive) protections which, in the event of a traumatic accident, combine in different ways, specific to each of the seven billion people on this planet.

 

Undesirable and symptomatic intrusion of hypnotic phenomena

The problem with dissociative (and perception distorting) hypnotic phenomena is that once the traumatic incident is over, they tend to become chronic « low-noise » and intensify whenever a situation reminiscent of the traumatic incident arises. These dissociative phenomena then become symptoms:

The sound of an explosion can put the survivor of a shooting, for example, back into paralysis, including emotional anesthesia, and can trigger violent headaches.

Eventually, the person who was raped or abused in the past may find themselves physically and emotionally anesthetized in the arms of the person they have now chosen to be with; or feel as if they are detached, stuck to the ceiling. Sometimes the face or even the odor of the past abuser appears and juxtaposes itself with that of the loved one.

Driving a car becomes impossible for the survivor of a serious accident because of the anxiety or terror created by these phenomena, whether or not accompanied by physical manifestations, such as vomiting, for example.

 

It’s up to the therapist to “flush them out »

The possible combinations of shifting, surprising, even terrorizing hypnotic phenomena are limitless.

The strangeness of certain phenomena, such as hallucinations, may make the person suffering from post-traumatic stress disorder fear that he or she has gone crazy. Sometimes, these phenomena are such that they can even make a doctor, psychologist, etc., believe he or she is dealing with a psychotic person. Some trauma victims are prescribed antipsychotic medication…which wrongly confirms their worst fears.

Most of the time, they will avoid talking about the disturbing and troubling phenomena that assail them, even to their therapist, for fear of being judged.

To those who know how to look, hypnotic phenomena always appear during the simple collection of information in therapy. Unfortunately they too often go unnoticed…or, on the contrary, are frightening, because they are not recognized for what they are, i.e. protections…or their utility is simply not known by therapists inexperienced in their delicate and yet life-saving use.

 

Talking about the trauma isn’t enough, it’s harmful enough.

And, NO, unfortunately, these symptoms do not subside with time!

They are resistant to conventional therapies. Those who only use speech even have the unfortunate tendency to seriously increase the suffering through what is called « secondary victimization ». Getting people who have experienced trauma to talk about it is to make them « relive it raw ». When they remember it, they are always plunged back into the emotion, petrification, dissociation (etc.) experienced at the time of the trauma. These people immediately return to a trance state. Champions, in spite of themselves, of hypnosis the hard way!

 

Dare to use hypnotic phenomena, even and especially when they have become symptoms

The use of dissociative hypnotic phenomena that have become symptoms is not in itself immediately evident.

Their appearance is confusing and even frightening.

However, for a therapist accustomed to the paradoxical concepts of the Palo Alto School, the interest of increasing these hypnotic phenomena and using their protective dissociative properties to treat trauma quickly becomes obvious.

A patient who learns, with his therapist, to master and increase dissociation during the practice of hypnosis is a protected patient!

 

Therapists, if they want to be quickly effective, must be able to overcome their first impression: in this way, they will be gentle and respectful of the patient’s need for protection… at all times!

The dissociative hypnotic phenomena that specifically come to our aid at the time of trauma

are mobilizable and reusable as powerful therapy safeguards.

As an easy reference, we’ve chosen to call them:

 

« DISSOCIATIVE PROTECTIONS »

 

“Dissociative Protections are anesthetics »

In order that the patient suffer as little as possible, the transformation of traumatic memories and their bodily (psychosomatic) effects is always done, according to the IMHEB model, by means of DISSOCIATIVE PROTECTIONS.

Just as the surgeon needs anesthetics to do his/her work, the PTR therapist needs them to help the patient work through the trauma.

The patient understands surprisingly quickly, and immediately confirms the usefulness of the special training for Dissociative Protections which is done in PTR. He’s having a good time of it quickly.

It is thanks to the Dissociative Protections that the changes are rapid because, precisely, they are carried out by controlling the pain and now mastering the hypnotic phenomena suffered until then.

It is also thanks to the Dissociative Protections that the desensitization of the trauma is very often achieved through laughter.

 

Active conversational hypnosis with an empowered patient collaborating in « customized therapy »

The patient is continuously in a modified state of consciousness in which he speaks, refuses or accepts the proposals made to him by the therapist who, for his/her part, takes into account the patient’s remarks and refusals and adapts to them at all times.

The active and responsible participation of the patient in the creation of his state of hypnosis, of the transformation of his memories and bodily sensations, allows the patient, during this joint work where each has his part to play, to happily regain control over himself, his emotions and sensations.

Whether it is following a single trauma, or in the typical case of a woman abused by a narcissistic pervert, or in the case of a child who has lived for years in an atmosphere of conflict and conjugal or family violence, patient and therapist reawaken together the patient’s own skills and resources which had been obliterated, forgotten, since the aggression or assaults endured, sometimes repeatedly for years…

 

Understanding the role of hypnotic reactions at work at the time of trauma, brings to light the absolute necessity of re-employing their protective properties in therapy.

As part of active conversational hypnosis, they allow you to work comfortably through the heart and the trauma, desensitize it as comfortably as possible and quickly escape the tragic effects of PTSD.

Illustration

« The Blue »

A young woman, in her thirties, victim of a particularly heinous rape (are some less than others, by the way?), comes to a consultation, completely broken.

She remembers and says little about the assault that took place four years earlier, when she was coming home from a fun, drunken evening. Pushed into the entrance hall of the youth hostel she was about to enter, she is beaten up. As she tries to defend herself, her attacker repeatedly hits her head against a staircase and strangles her until she falls unconscious. She won’t realize she was raped until she regains consciousness. Significant internal injuries will require multiple surgeries.

She describes years of therapeutic wanderings, phobias, night terrors, loss of self-esteem (she was so strong until then), painful memories…

The work quickly begins with a functional induction where she finds herself in a large cozy bed, comfortably curled up in the arms of her lover.

From this place and pleasant moment that she conjures, the therapist trains her to use the principal hypnotic Phenomena most commonly pursued and useful to revisit, to transform and desensitize the traumatic memories: dissociation, depersonalization, physical and emotional anesthesia…

Guided by the therapist, this young woman is immediately at ease with conversational hypnosis.

On the other hand, as soon as one begins to evoke or approach the memory, one’s own Dissociative Protections, the very ones that were put in place during the aggression, imperatively and logically resurface. The patient states that she often has « like a white or blue light coming in and invading her head ». This has been happening to her since the rape, at inopportune moments and it frightens her because she has the impression of being out of control and does not understand what happens to her in those moments.

The therapist explains to her that it is a grouping of several hypnotic protections through which she no longer feels, understands or perceives anything. In a didactic way, he makes her experience the control she can have over them by making them vary, increase, intensify…

The therapy continues by going back and forth alternating between the Bed, the transformations of the traumatic incident and « the White » or « the Blue ».

« Yes, everything becomes white, or sometimes blue, and there is nothing else that exists. It’s in neutral, it’s off, but it’s actually… it’s nice.  »

The therapist invites him to feel the white light, to intensify it.

With a smile she says:

« Wow, that’s even better than The Bed ! It’s like 100,000 tons of endomorphins: it’s like I’m pleasantly drugged, it’s like being in a huge fluffy cloud! »

Whenever the exploration of the memory proves to be a little too abrupt or long, the patient spontaneously uses her personal protection: she empowers herself and uses the « Blue » on her own. It interrupts the hypnotic conversation and imposes a visibly comforting custom-made stop.

Obviously, she is happy to finally use a phenomenon that she had been experiencing with incomprehension and fear until now. She says:

« It’s crazy, when I think how many therapists made me realize that there was nothing possible to do for me because I was resistant, resistant to their treatments, resistant to their science…  »

Years I spent going from shrink to shrink, only to be told that I was blocking therapy by withdrawing into « The Blue »! They told me I had to get over it!
They made me realize that I sucked… when in fact I just didn’t understand what was going on and all I wanted was to get better.

It’s crazy: while I had developed a great skill, they accused me of their incompetence! I finally understand that my brain was just perfectly, simply, and totally protecting me. I was good… and they made me think I was incompetent!

They didn’t recognize the beauty of the protection system I was offering myself!

With you I discover it, recognize it and use it, again and again…to free myself!

 

This young woman had very simply and naturally developed a protective system: every time an event reminded her more or less of the traumatic rape scene with the risk of reviving it, everything was blocked?? inside her, putting her out of time and space, in « the Blue »… which put an end to many therapeutic attempts, because of resistance… With the PTR, she learned not only to control, but to increase « this Blue ». She learned to put herself in hyper blue protection to be able to safely change what had been encoded in her memory, the traumatic inscriptions of her rape.

What appeared to be « resistance » was only « resistance » until we had the idea to use it correctly!

All this hypnotic work, combined with the use of time contraction, allowed a lot of amnesia to be lifted concerning the facts of the night of the aggression and a reconfiguring of its history by the patient.

The therapeutic coherence that underlies the use of Dissociative Protections has allowed her – beyond any sense of panic, with satisfaction and even with a certain joy – to finally « hypnotically settle her account » with her aggressor.

With the hindsight and security offered by Dissociative Protections, she was also able to take care, with love, of the abused young woman, and though in complete turmoil during this event, she can now, if need be, face it head-on, without suffering!

 

Gérald Brassine

 

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