Article paru dans les actes du 1er forum francophone d’hypnose et de thérapies brèves ( Vaison-la-Romaine, 1997)
English version at the end of this article
Considérations générales
Introduction
Dans le milieu psychosocial, l’inceste est une situation face à laquelle peu d’intervenants aiment se trouver.
Il est difficile en effet de rester neutre face à l’inceste. Cet acte éveille spontanément chez chacun d’entre nous ce que certains appelleraient un « contre-transfert négatif », où se mêlent tour à tour colère, indignation, incompréhension…
De plus ces situations sont souvent délicates, épineuses et les détecter afin d’entreprendre un traitement est souvent un parcours parsemé de pièges et d’embûches.
L’inceste quand il est découvert (ou le plus souvent supposé), va être abordé selon deux registres qui devraient être tout à fait distincts:
– le registre policier ;
– le registre thérapeutique.
Dans la réalité, on constate une confusion totale du côté des thérapeutes qui mélangent les deux rôles, souvent sans s’en rendre compte. Nous développerons dans cet article que la confusion de ces rôles peut être à l’origine des résistances habituellement rencontrées dans les familles incestueuses.
L’intervention que nous proposons ici, est appelée écologique, à la fois parce qu’elle va utiliser les résistances rencontrées comme une ressource par le biais d’un contre-paradoxe, – la résistance principale étant le secret, l’intervention ira paradoxalement dans le sens de garder le secret, pour que celui-ci soit levé-, mais aussi en utilisant les ressources internes de chacun des membres de la famille.
L’objectif de cette intervention est de permettre de rendre la pratique de l’inceste impossible ou quasiment impossible, en changeant les rapports structuraux de la famille, rapports qui avaient permis que l’inceste s’installe. Il sera suivi dans un deuxième temps, d’un travail en profondeur, visant à la « cicatrisation ».
Toutefois ce modèle n’a pas la prétention d’espérer résoudre toutes les situations d’inceste, loin de là, et l’intérêt minimal de ce modèle n’est peut-être que de s’introduire en douceur dans ce modèle familial perturbé sans augmenter les résistances, cette approche maximalise la capacité de se faire accepter et les chances de pouvoir travailler dans ce milieu.
C’est parfois le minimum que l’on peut faire dans de nombreuses situations dans lesquelles il n’y a que des suspicions d’inceste. Celles-ci représentent environ 70% des cas d’inceste rencontrés par les intervenants des Service d’Aide et de Protection de la Jeunesse de la Communauté Française de Belgique.
Le modèle ne sera bien souvent qu’un prétraitement, qui pourra ultérieurement permettre un travail plus en profondeur, mais au minimum, il vise à l’arrêt des pratiques, il vise au dévoilement de l’inceste, il vise à provoquer la crise à partir de laquelle un travail plus profond et restructurant pourra être entrepris.
Ce modèle soulève des difficultés particulières de type culturel, qui sont de devoir parler de sexualité à des enfants qui ne sont pas les nôtres, devant leurs parents, et pire de parler de sexualité saine/malsaine sans y avoir été invité.
Habituellement, en dehors des situations d’inceste, les auteurs travaillent selon les principes de la Thérapie Brève (école de Palo Alto). Ce modèle repose sur les principes de la cybernétique et exclut les normes morales ou de psychopathologie traditionnelle, il n’est d’application que sur base d’une plainte (il faut qu’il y ait une demande, une douleur).
Or, on sait maintenant que le syndrôme de l’inceste se caractérise par le secret et l’auto-accusation en ce qui concerne l’acte ( l’enfant le plus souvent ne se plaindra pas, ou alors après des années de perpétuation de l’acte, en prenant le plus souvent la faute sur lui).
Ainsi, on a longtemps pensé que dans les cas d’inceste, le modèle de Palo Alto, n’était pas adéquat. Il faut pourtant souligner que la dynamique de l’intervention proposée ici, relève bien d’un raisonnement de type systémique et reste fidèle aux principes fondamentaux de l’école de Palo Alto ( d’après Jean-Jacques Wittezaele-Teresa Garcia, À la recherche de l’école de Palo Alto, Paris, Edition Seuil, 1992).
Mi-flic, mi-raisin
En Belgique, le monde psychosocial a été brutalement réveillé et secoué il y a une dizaine d’années quand une série d’articles traitant de l’inceste sont parvenus des États-Unis d’Amérique, notamment ceux de Roland Summitt (Roland C. Summit M.D., The child sexual abuse accomodation syndrome, in « Child abuse and neglect », 1983, pages. 177 à 193). Ces articles révélèrent brutalement, qu’à l’opposé de ce qui avait été communément admis jusqu’alors, « lorsqu’un enfant déclare avoir été abusé sexuellement par un adulte, il faut le croire parce qu’il dit toujours la vérité »; l’innocence de l’enfance ne peut inventer ni mimer des jeux d’adultes, surtout dans le cadre de relations sexuelles malsaines.
Ainsi, l’inceste existait bel et bien et se pratiquait à travers toutes les couches de la société et tous les types de familles ou de relations de voisinage! Cette révélation eut l’effet d’un électrochoc dans le milieu psychosocial qui fut, lui aussi, touché par cette sorte d’hystérie ambiante et se livra à une véritable chasse aux sorcières, ne percevant pas toujours bien la distance qui doit exister entre le comportement répressif du policier et l’approche se devant plus ouverte du thérapeute.
En Belgique cette même hystérie ambiante était telle, qu’un enfant a été placé durant un mois (et le père accusé) parce qu’elle avait dit en classe qu’elle aimait faire l’amour avec son papa, alors qu’il ne s’agissait là que de mots d’enfants.
Accuser, dénoncer, emprisonner: c’est oublier un peu trop vite que nous sommes avant tout des travailleurs psychosociaux, que notre rôle est de traiter et d’aider, plutôt que de réprimer à tout prix. On peut s’étonner que certains thérapeutes, sans doute persuadés qu’ils agissaient « dans l’intérêt de l’enfant », ont inclus d’office dans leurs outils et objectifs thérapeutiques la prison, le divorce, la séparation…
Il nous semble préférable, de faire en sorte que les gens prennent leur décisions eux-mêmes, quant à dénoncer, divorcer…
De plus, il faut souligner que malheureusement, certaines des méthodes actuelles n’offrent pas la garantie, pour nous la plus élémentaire, qui est l’arrêt de l’inceste.
Actuellement des informations nous apprennent qu’aux États-Unis, bon nombre d’hommes ou de pères de famille qui avaient naguère été condamnés pour des actes incestueux ou de pédophilie, sortent « blanchis », en jugement d’appel, de ces accusations fallacieuses. Ces procès et emprisonnements avaient eu lieu à la suite d’accusations portées directement à la connaissance des autorités par des enfants qui semblaient dire la vérité. Nous pouvons supposer que ces derniers se sont trouvés entraînés dans le mensonge et l’affabulation par le courant d’hystérie et de panique générale des adultes les entourant.
D’autre part Hubert Van Gijsseghem, psychologue belge formé au Canada, a clairement démontré qu’en posant des questions de manière suggestive à un enfant, on peut arriver à créer chez ce dernier des faux souvenirs, surtout si l’enfant est interrogé, comme c’est le cas, un grand nombre de fois par une variété d’intervenants allant de la mère, de l’institutrice, des psychologues aux policiers.
On peut remarquer que ce phénomène se rencontre également chez les adultes (Hubert Van Gijsseghem, L’enfant mis à nu , Montréal, édition du Méridien). Sachant maintenant que ces pratiques entraînent des résultats faussés, on se rend compte de l’importance de faire mener ces entretiens par des personnes qui sont capables de le faire de manière non suggestive. Il semble que les policiers, de par leur formation, sont entraînés à ce type de questionnement. Les psychologues, de leur côté, sont plutôt formés à poser des questions suggestives à des fins thérapeutiques (notamment pour tout recadrage). Il faut souligner que si cette pratique est bien utile dans le cadre d’une thérapie, elle est catastrophique lorsqu’il s’agit de recueillir les premières informations, à un moment où il n’existe encore que des suspicions d’inceste.
Légalement, la justice ne peut intervenir dans un cas d’inceste, que si elle a des preuves concrètes de la culpabilité de l’abuseur. Celles-ci peuvent être notamment les aveux de l’abuseur ou un témoin (AR./3 avril 1995).
Si l’abuseur nie, et qu’il n’y a pas de témoin, la seule plainte de l’enfant ne constitue pas, bien souvent, une preuve suffisante, même si le Juge peut, selon son intime conviction, décider de croire l’enfant ou le père.
En outre, dans la majorité des cas, ce n’est pas l’enfant qui se plaint, mais une personne extérieure à la famille qui a des suspicions d’inceste (par exemple: l’institutrice qui voit le comportement de l’enfant changer).
Un intervenant pensant en son âme et conscience qu’un père abuse d’un de ses enfants ressent le besoin souvent impérieux d’éloigner ce père. Il essayera d’obtenir des aveux de l’enfant (en posant ces questions suggestives), dans le but souvent avoué de faire mettre ce père en prison. Il confond ainsi le rôle de « flic » avec le rôle de « thérapeute ».
Dans le cas particulier d’un intervenant social, travaillant dans un Service d’Aide à la Jeunesse ou de Protection de la Jeunesse, sous le couvert de sa casquette psychologique, il peut lui aussi penser que, pour le bien de l’enfant, il faudrait que le père reconnaisse les faits, or ce père sait que s’il avoue, il ira en prison. En effet, son mandat l’oblige à porter à la connaissance de ses supérieurs hiérarchiques tous les faits de pédophilie qui lui sont révélés. La « collaboration » sera de ce fait quasiment impossible.
Ce qui reste un cas particulier chez nous (obligation d’informer la justice pour les délégués des SAJ et SPJ), est la règle dans la majorité des états d’Amériques, mais aussi en France, en Angleterre, au Canada…
En Belgique pour les autres intervenants (psychologues, médecins, assistants sociaux, enseignants), la loi permet de ne pas dénoncer les faits délictueux qui sont portés à leur connaissance, sous condition exclusive qu’ils prennent la situation en charge, d’une quelconque manière et s’assurent que les faits d’abus ne se reproduisent plus.
La Belgique peut donc se féliciter d’offrir encore une certaine marge de manœuvre aux professionnels de la santé et de la santé mentale.
Actuellement dans le cadre des Services d’Aide et de Protection de la Jeunesse : de Charybe en Scylla
Si ceux qui prennent les décisions (Juges, directeurs ou conseillers) ont des suspicions d’inceste uniquement étayées sur l’avis d’experts, mais ne constituant pas des preuves suffisantes pour que les faits soient prouvés, ils se retrouvent dans ce cas face à des alternatives toutes deux insatisfaisantes et génératrices de culpabilité :
D’une part, on place l’enfant pour le protéger, en lui disant quelque chose comme « c’est pour ton bien ».
Même s’il comprend les bonnes intentions des travailleurs sociaux, il se trouve néanmoins enfermé dans ce qui semble bien n’être pour lui, ni plus ni moins, qu’une prison. Il est, de plus, exclu de la maison familiale, comme un paria.
La petite phrase « c’est pour ton bien » et la recherche de son bien-être, sont une bien mince excuse, pour masquer ce qui représente à ses yeux une injustice de plus. Pour un enfant c’est « l’injustice de la justice », une blessure de plus… et une leçon.
De plus on passe à l’enfant le subtil message implicite que d’une manière ou d’une autre, l’abus s’est produit par sa faute. Quoi qu’on fasse ou qu’on veuille ce message passera lorsque c’est l’enfant qui est arraché à sa famille et placé (Terrys Trepper-Mary Jo Barrett, Systemic treatment of incest, New-York, édition Brunner-Mazel, 1994).
Dans ce cas, que faire des frères et soeurs restant dans la famille…? Et si les doutes étaient fondés, comment être sûr qu’ils ne sont pas eux aussi victimes…?
Face à cette injustice de la justice souvent commise, certains cherchent d’autres solutions. Ainsi un magistrat propose au père incestueux, lorsque les faits sont clairement établis, pendant la période d’attente du jugement qu’il fasse soit de la prison préventive, ou qu’il quitte le domicile familial, laissant la victime dans sa maison.
L’autre alternative mais peut-être la plus angoissante pour les décideurs : laisser l’enfant dans la famille. Mais si les suspicions étaient vraies… ?
Ajoutons que selon notre évaluation des SAJ et des SPJ, + 70% des cas d’inceste ne sont AU SENS DE LA LOI que suspicions d’inceste, les intervenants sont donc dans un nombre incalculable de fois coincés entre ces alternatives.
Lorsque les preuves sont établies, l’abuseur ira en prison (bien souvent, longtemps après le dévoilement des faits) et l’intervenant social peut voir dans l’enfermement ces avantages :
– l’enfant est reconnu socialement par rapport à ce qu’il a subi ;
– l’enfant, pour un temps, est protégé du père.
Mais on commence déjà à en constater les retombées néfastes et celles-ci sont multiples :
– l’éclatement de la famille ;
– le rejet fréquent de l’enfant abusé par sa mère et sa fratrie ;
– la diminution des possibilités que le père reconnaisse de lui-même son crime et présente ses excuses à l’enfant,
– et surtout, la culpabilité de l’enfant d’avoir mis son père en prison, alors que ce père est aimé aussi, pour d’autres aspects.
D’autre part, quand la peine de prison est terminée, quelles garanties a-t-on que le père est guéri pour autant ?
Le problème de son retour en famille se pose. Personne ne peut être sûr qu’il ne récidivera pas, mais une exclusion à vie est-elle une meilleure solution? Par conséquent, la responsabilité des Juges, directeurs et conseillers est énorme, contraints qu’ils sont de naviguer perpétuellement entre Charybe et Scylla.
Selon H. Van Gijsseghem, il faudrait, idéalement qu’on ne mélange d’aucune manière le « mandat d’aide » et le « mandat d’enquête ». Il est certain que cela serait la meilleure solution. On doit pourtant tenir compte des réalités et l’intervention proposée ici tente d’offrir une manière différente de travailler thérapeutiquement malgré et compte tenu de ces deux mandats contradictoires.
Bien sûr nous ne pensons pas que cet outil sera le plus adéquat, ni qu’il sera applicable dans toutes les situations. Il permet toutefois d’agir même dans les situations les plus inextricables, ou le doute est présent quant à l’identité de l’abuseur et/ou quant à la réalité de l’abus sexuel.
Il permettrait également de débusquer plus de cas d’inceste et sans doute plus vite, par la facilité qu’il offre, d’entrer dans les familles où il y a « suspicions d’inceste » et enfin de viser son objectif premier (minimal sans doute), qui est l’arrêt des pratiques sexuelles.
L’intervention
Cette intervention sera particulièrement adéquate et utile, dans tous les cas où il n’y a qu’allégation d’inceste. Elle s’avère également applicable dans les situations de retour du père à la maison, après la prison.
Prémisses
Il semble évident qu’un intervenant ayant une fonction psychologique, mais n’en ayant pas moins une mission policière (ou la simple intention de faire avouer au père), lorsqu’il arrive dans la famille, observe les réactions suivantes :
– le père nie farouchement ;
– l’enfant se rétracte ou devient mutique ;
– la mère refuse de croire le fondement des accusations formulées…
L’intervenant se trouve le plus souvent dans un milieu hostile dont il ne peut attendre aucune collaboration. Ce qui est étonnant, c’est qu’il ne comprenne pas que ce milieu hostile, c’est lui qui contribue à le créer, tout au moins en partie, sur base notamment de bonnes intentions telles que :
– le père doit avouer (pour le bien de la victime) ;
– le père doit payer et aller en prison (pour que la victime sache qu’elle n’est en rien coupable de ce qui s’est passé).
Il n’en reste pas moins que, lorsque l’intervenant se présente avec ces objectifs thérapeutico-légaux, il fabrique des résistances (réactions précitées), que lui-même interprétera par la suite comme les signes psychopathologiques typiques de l’interaction existant dans les familles incestueuses!
Ainsi on voit des mères accusées de complicité tacite dès lors même qu’elles ne prennent pas la décision de dénoncer et de jeter leur mari dehors. Il semble donc compréhensible que lorsque l’on demande à ces mères de prendre « position », si « position » signifie divorce, alors elles ne prendront pas cette décision forcée. Nous pensons même qu’elles peuvent retarder une telle décision.
À quoi réagissent-elles quand elles disent à l’intervenant « je ne vous crois pas » ?
Nous croyons qu’elles réagissent essentiellement à la « démarche policière » et à ses conséquences implicites et négatives pour la famille. Devant la menace de voir leur mari en prison, alors même que ce mari est souvent le seul gagne-pain de la famille par ses revenus professionnels, l’intervenant sans le vouloir, accentue la possibilité de créer le déni maternel (déni au sens psychanalytique).
En effet on sait que l’inconscient, face à une réalité trop indigeste, a tendance à « protéger » le conscient en filtrant les informations qui viendraient confirmer cette réalité. Il est donc juste de penser que seul l’inconscient à déjà perçu l’inadmissible. C’est sans doute l’existence de ce mécanisme de défense qui peut laisser penser que la mère est complice.
La mère, face à l’inceste, doit tout à la fois accepter l’idée d’avoir été trompée par son mari, que ses rivaux sont ses enfants et la culpabilité de n’avoir pas su les protéger.
Combien de maris ou de femmes trompées ont fermé les yeux involontairement sur des preuves parfois criantes d’une vérité qu’ils ne voulaient pas voir, car trop difficile à admettre. Pourtant, ils ne sont confrontés qu’à une seule des trois « horreurs » que la mère devrait accepter d’intégrer d’un seul coup.
Quand l’intervenant vient en menaçant implicitement ou explicitement de la prison, la mère imagine surtout les conséquences sociales, familiales et personnelles qui en découleront si les faits étaient avérés. C’est aussi pour cela que la mère sacrifiera le devenir de l’enfant pour un moindre mal.
C’est pour contrecarrer ces réflexes de défense et de survie de la famille que dans ce modèle, nous offrons une occasion à la mère, en diminuant la pression (menace de prison, accusation implicite de complicité) de vérifier, pour elle-même, si de tels soupçons sont fondés.
Le modèle donne les informations nécessaires pour faciliter une prise de conscience et respecte aussi la mère en lui offrant le temps indispensable pour « digérer » et assimiler ces faits inacceptables.
On découvre également, de plus en plus, qu’un père incestueux agit souvent de manière cloisonnée. Ceci signifie que, s’il y a plusieurs enfants, il ne se limite que rarement à un seul, abusant de manière indifférenciée aussi bien des filles que des garçons et ceci sans qu’aucun des frères et soeurs ne puissent découvrir que le père abuse également des autres, le secret règne en maître.
Tant que le père peut maintenir le cloisonnement (non-communication dans la fratrie, isolement la nuit), il peut continuer à abuser des victimes sans grands risques.
On sait que souvent c’est lorsqu’un enfant découvre que son frère ou sa soeur plus jeune subit également les abus, qu’alors il décide de dévoiler le secret.
L’intervention a été conçue en tenant compte de chacune de ces prémisses.
Mode de l’intervention
a) Se rendre au domicile de la famille, réunir tous les membres de la famille, pour procéder à l’intervention ;
b) « Il a été dit dans cette famille, que papa, ou un autre monsieur, avait fait…(dire les faits exacts tels qu’on les connaît avec les détails concrets et dits dans le langage de l’enfant…), peut-être que c’est vrai et peut-être que ce n’est pas vrai. »
« Si c’est vrai, c’est grave. Un adulte ne peut pas faire ce qui a été dit … , c’est très grave et il peut aller en prison pour ça, aucun adulte d’ailleurs ne peut faire … » (donner de manière informative l’ensemble des gestes sexuels qu’un adulte ne peut poser sur un enfant, toujours avec des termes compréhensibles pour l’enfant, parler aussi de sexualité saine).
« Si c’est faux, c’est grave aussi, car il s’agirait d’un mensonge ou d’une erreur qui risque d’accuser à tort papa ou un autre monsieur. »
« Je me dois de vous dire dès maintenant à tous, que si vous me disiez que les soupçons pour lesquels je viens sont vrais, je serais obligé de les déclarer aux autorités judiciaires »
« Si c’est vrai, vous devez savoir, les enfants, que papa ou le monsieur souffre d’une maladie et qu’il a besoin de votre aide, pour arrêter cette maladie et aller mieux » (recadrage)
« Monsieur, Madame et les enfants, comme nous sommes tous dans le doute, je vais vous proposer quelque chose qui permettra de rassurer tout le monde: dès ce soir, je veux que tous les enfants dorment dans la même pièce (s’ils sont trop nombreux, les partager dans deux pièces avec un plus grand dans chaque pièce), et si une nuit, papa venait dans la chambre pour refaire ce qu’on a dit qu’il faisait, alors les enfants, il faudra crier bien fort « Non » tous ensemble, pour aider votre papa à arrêter. »
c) Il faut déjà à ce stade amener les notions d’excuses et de réparations.
En effet, tout en insistant sur le fait que peut-être il ne s’est rien passé, on peut dire :
« Si ce qui a été dit est vrai, alors cela mérite réparation ». Les enfants vivent dans un monde où quand on fait quelque chose d’interdit on est puni.
« Alors vous, les membres de cette famille, vous devez penser à la punition que mérite l’auteur de ce qui a été fait. Aussi bien vous Monsieur, que les enfants et que vous Madame qui avez été trompée en tant que femme et en tant que mère. »
« Ne me dites rien pour le moment mais pensez-y chacun pour vous-même et ensemble. »
On peut donner des exemples de punition comme : des travaux réguliers pour la famille, des devoirs, une somme conséquente pour les études supérieures des enfants. Chaque punition doit être décidée avec la famille, elle doit toujours avoir un début et une fin, et c’est surtout à la mère que reviendra la tâche de les faire appliquer et respecter.
d) Il faut s’assurer que tout le discours a été compris et que le nouvel aménagement pour les lits va être fait. Il faut revenir, ultérieurement, pour vérifier que c’est bien fait.
e) Revenir dans un deuxième temps pour voir comment se déroulent les suites de l’intervention et ses conséquences : dépôt de plainte, dénonciations, demande d’aide psychologique, fin des soupçons…
Analyse de l’intervention
La lecture des points essentiels de l’intervention donnera le schéma suivant :
INTERVENTION
a) Le doute : peut-être que oui, peut-être que non ;
b) Cartes sur table : rappel du mandat pour les SAJ et les SPJ ( si vous me parlez, je dois porter plainte) ;
c) L’information : parler un langage concret et adapté pour les enfants sur la sexualité saine et malsaine ;
d) La règle : information sur l’interdit de l’inceste et de la pédophilie de manière globale aux enfants ;
e) Le recadrage : l’abuseur est recadré comme étant « malade » et il faut donc l’aider ;
f) Une solution : mettre les enfants ensemble et leur demander de crier « non ».
EXCUSES ET RÉPARATION
a) de l’abuseur incestueux (de lui-même) ;
b) pour la femme en tant que femme, et en tant que mère ;
c) pour l’enfant abusé, et même pour les frères et soeurs non abusés.
DÉVELOPPEMENT :
1. Intervention
a) Le doute
En arrivant dans la famille en disant « peut-être que oui, peut-être que non », on respecte d’abord une des lois constitutionnelles les plus importantes des démocraties qui est qu’une personne reste innocente tant qu’on n’a pas su prouver sa culpabilité. Cela s’appelle la « présomption d’innocence » .
D’un point de vue thérapeutique, on verra également qu’entrer dans une famille sans être accusateur, permet d’éviter les résistances habituelles (déni massif du père et de la mère, mutisme de chacun…).
Ainsi le père, ne se sentant pas attaqué, ne peut que collaborer dans son propre intérêt, à la tâche proposée.
La mère ne devant pas dépenser toute son énergie et son attention pour défendre sa famille, peut alors prendre le temps d’ouvrir les yeux et les oreilles, pour se rendre compte par elle-même de la véracité des faits.
Les enfants n’étant plus paniqués par les conséquences de ce qu’ils ont révélé, ou révéleront, peuvent écouter la solution proposée, s’informer, et surtout enfin communiquer entre eux.
Cela facilitera également la communication entre la mère et les enfants.
b) Cartes sur table.
Le rappel du mandat qui oblige l’intervenant travaillant dans le cadre d’un SAJ ou d’un SPJ, à dénoncer à la justice tous les faits de pédophilie dont il a connaissance, est essentiel. La menace dite ouvertement, sans être atténuée offre l’avantage d’être claire et explicite. Paradoxalement, dire haut et fort, ce que les gens redoutent de nous, les met en confiance. Cette attitude dit quelque chose de nos préoccupations principales qui sont avant tout, l’arrêt de l’inceste et une mise en route du processus de réparation.
En ne disant pas à haute voix cet état de fait, soit les gens le connaissent et seront tout à fait non collaborants, soit ils feront confiance au discours d’aide de l’intervenant, mais celui-ci dès qu’il aura des aveux, laissera tomber son côté « aidant » pour prendre un rôle de « policier » et dénoncera ce qu’on lui a avoué dans la confiance.
Nous pensons que ceci est extrêmement pervers en soi.
c) L’information
L’intervention recèle une difficulté majeure, qui consiste à parler de sexualité saine et malsaine à des enfants devant leurs parents. Il peut paraître étrange de parler aussi de sexualité saine, mais c’est une nécessité si on ne veut pas effrayer les enfants par rapport à la sexualité en général.
Force est de constater le malaise réel, bien compréhensible, que ressentent les intervenants ayant à s’acquitter de cette tâche.
Toutefois lorsque l’on est en présence d’enfants devant subir des abus sexuels parfois quotidiens, le jeu en vaut la chandelle.
On entend bien trop souvent des professionnels de la communication utiliser avec des enfants des termes incompréhensibles comme : abus sexuel, attouchement, inceste, pénétration, sodomisation…
D’autres, de peur de nommer la chose, utiliseront un vocabulaire vague et non défini. Mais comment un enfant peut-il faire confiance à un adulte qui lui parle un langage qu’il ne comprend pas et qui semble avoir du mal à dire avec des mots simples, ce que lui doit subir régulièrement ? Même si dans le meilleur des cas l’enfant comprend la signification des termes utilisés par l’intervenant, n’est-il pas alors lui-même prisonnier de l’interdit implicite, de parler ouvertement de ce qui lui est arrivé ?
Le sentiment d’hypocrisie que l’enfant peut alors ressentir, doit être énorme.
Dans un système où ce qui fait le plus mal est le secret, le tabou se doit d’être impérativement levé.
d) La règle
Cela peut paraître normal de donner une information claire et concrète sur l’interdit de l’inceste et de la pédophilie en général, mais on constate que cette information est rarement faite, et ceci découle sans doute de la difficulté citée dans le point précédent consistant à parler de sexualité à un enfant. Pourtant si tellement d’hommes peuvent abuser d’enfants, c’est aussi grâce à nous tous, qui laissons l’enfant dans l’ignorance. Le tabou culturel sur la sexualité nous rend, malgré nous, complices.
On constate que la majorité des enfants acceptent l’inceste essentiellement car ils ne savent pas que c’est interdit. C’est quand ils commencent à parler de sexualité à l’école avec des enfants de leur âge, qu’ils se rendent compte que ce qu’ils vivent n’est pas « normal ». Ils sont très étonnés de découvrir que ce qu’il vivent ne se passe pas dans toutes les familles.
C’est comme si le monde des adultes n’avait pas confiance dans les capacités de l’enfant à se protéger, comme s’il doutait qu’un enfant soit capable de dire « non », ou encore qu’il profiterait de l’information pour fabuler !
Un enfant non informé sur l’interdit de l’inceste, ne peut pas faire la différence entre un ordre comme « mange ta soupe » et « baisse ta culotte ». Ainsi il ne sait pas qu’il peut dire « non ».
Dans un grand nombre de familles, le simple fait de donner cette information suffira à mettre un terme à l’inceste en provoquant, parfois à retardement, des réactions en chaîne chez les enfants, la mère, entraînant jusqu’à l’amendement du père.
e) Le recadrage
En recadrant le père comme « malade », on permet de maximaliser les chances que l’enfant puisse dire « stop », en lui permettant d’appliquer l’intervention même pour son père. En effet face à une personne ayant autorité sur lui, l’enfant doit avoir non seulement l’information mais aussi du courage pour arriver à s’opposer à cette autorité. Par contre, s’il comprend que c’est pour le bien de son père qu’il doit lui dire « non », il ne vit plus ça comme une rébellion mais plutôt comme une aide à lui apporter.
On sait que l’agresseur incestueux n’est que rarement un violeur, et qu’il a besoin de croire à la complicité et au désir de l’enfant. Le pédophile, incesteur ou non, dépense parfois une énergie et un temps considérable en séduction et manipulation pour amener l’enfant à être « coopérant ».
Face à un « non » bien clair, il est incapable d’aller plus loin, car ses distorsions cognitives habituelles ne peuvent plus fonctionner (ils aiment à penser pour la plupart, que l’enfant aime ça, le désire, que c’est pour son bien…)
f) Une solution
Mettre les enfants dans la même chambre et leur demander de crier ensemble « non ! » va amener un décloisonnement à deux niveaux :
– on l’a vu, le père a besoin de garder le secret entre chaque victime, si tous les enfants dorment ensemble, il ne pourra plus abuser d’eux au moins la nuit ;
– mais surtout, cela permet aux enfants de parler entre eux . N’étant plus rendus muets par la peur des conséquences du dévoilement et encouragé par « l’aide a apporter à l’abuseur », ils peuvent enfin entre eux, dire ce qu’ils n’ont jamais osé se dire. On sait que souvent un enfant portera plainte quand il découvrira que son frère ou sa soeur plus jeune est abusé aussi, le pouvoir du décloisonnement est donc très puissant.
En en parlant ensemble, les enfants renforcent ainsi la cohésion et la solidarité « bienveillante » ( il est malade et ça ne se fait pas), face à l’abus du père.
Comme on le voit, ce que le modèle introduit le plus dans la famille, c’est la parole. En effet, dans ces familles incestueuses où le secret est l’élément le plus caractéristique, la parole est pour nous le meilleur et principal antidote.
2. Excuses et réparations vers une cicatrisation
(ou de la prééminence du positionnement sur la reconnaissance)
Il est important de comprendre que cette deuxième partie visant à la cicatrisation, par le biais des excuses et des réparations, sont des thèmes restructurants lancés à long terme dans la famille.
Dans l’immédiat, elle permet à la mère de se resituer dans ce drame, en réalisant qu’elle aussi est victime en tant que femme trompée et en tant que mère dont l’enfant a été abusé.
Les excuses ne valent rien sans réparations et les réparations ne valent rien sans excuses (Jeffrey K. Zeig, Ph. D., Ericksonian Methods : The essence of the story, New-York, Brunner-Mazel, 1989).
C’est en partant de ce principe que la partie « excuses et réparation » a été mise au point.
Nous pensons que la reconnaissance seule, sans prise de position concrète, peut être plus terrible que la non reconnaissance. En effet une mère qui dit à sa fille « je te crois » mais ne prend aucune position par rapport à ce qu’elle a dit, est sans doute plus déstabilisante pour l’enfant, qu’une mère qui dit « je ne te crois pas », et garde une attitude cohérente en fonction de ce qu’elle a dit.
De la même manière, on voit que d’un point de vue thérapeutique, quand un père a fait de la prison, sans s’être jamais excusé auprès de sa famille pour le mal qu’il lui a fait, cela n’a aucune valeur réparatrice cicatrisante pour sa famille et ses enfants.
Si l’emprisonnement est une reconnaissance sociale pour l’enfant, elle est sans commune mesure avec une reconnaissance familiale, faite d’excuses et de regrets.
De plus, en insistant pour que la maman et les enfants choisissent des peines réparatrices, on leur rend, de manière explicite, toute leur dimension de victimes.
Beaucoup de mères et d’enfants se sentent coupables de ce qui s’est passé d’une manière ou d’une autre, souvent même parce que le thérapeute a passé ce message sans le vouloir (la femme est vue, ou se verra elle-même, comme complice, la fille comme provocante, la fratrie comme n’ayant pas voulu aider la victime…).
En leur disant qu’ils ont droit à une réparation, on leur renvoie le message qu’ils ne sont en rien responsables de ce qui s’est passé, le seul fautif étant bien, pour nous, l’abuseur.
a) Excuses et réparations de l’abuseur.
On découvre de plus en plus que l’abuseur, contrairement à ce qu’on pourrait penser, éprouve un sentiment de culpabilité par rapport à son passage à l’acte. Les distorsions cognitives précédemment citées viennent essentiellement pour lui permettre de mieux gérer ce sentiment. Mais lorsqu’il est confronté à la réalité (l’enfant était contraint et forcé et ne tirait aucun plaisir de l’abus), certains tentent de se suicider. Le suicide parfois est inconscient comme le développement d’une maladie psychosomatique (Cloé Madanes, The violence of men, San Francisco, édition Jossey-Bass, 1995).
C’est pour cette raison que l’on demande au père de s’imposer à lui-même des punitions réparatrices en fonction de l’acte posé. Ceci lui permet d’éviter le risque de création de punitions inconscientes, qui souvent culpabilisent encore un peu plus la victime de l’inceste.
Après avoir fait de la prison il est utile de lui demander d’enfin réparer non plus pour la société mais pour ses victimes.
b) Excuses et réparations pour la mère en tant que mère, et en tant que femme.
Il est important de ne pas oublier que la maman, outre la colère qu’elle peut ressentir face au mal qu’on a fait à ses enfants, ressent aussi de la colère pour avoir été trompée par son mari; cette double réparation est donc nécessaire.
On voit à ce stade parfois, des mères se décider à porter plainte, ce justement contre quoi elles se seraient battues, si on le leur avait imposé.
Dés le moment où la sentence vient de l’intérieur du système familial, elle prend un tout autre sens et est alors vraiment thérapeutique.
c) Excuses et réparations pour l’enfant abusé.
Il est capital pour l’enfant qu’il voit effectivement, non seulement, que le père regrette, arrête les abus, mais aussi est prêt à réparer.
L’enfant apprend très jeune que lorsque l’on fait des choses interdites on est puni. Même si on lui dit que l’inceste est interdit, si l’acte n’est suivi d’aucune conséquence, il vivra cela comme une injustice.
L’enfant peut choisir avec sa mère une punition petite, qui sera à son niveau et qui signifiera vraiment quelque chose.
En exécutant ces punitions, le père donne une vraie valeur à ses excuses. La mère en les faisant respecter prendra vraiment position pour l’enfant.
De plus, on évite ainsi des situations que l’on rencontre parfois, où l’on voit un père culpabilisé de ce qu’il a fait et un enfant devenu tout puissant, faisant faire à son père tout ce qu’il veut par chantage.
Les punitions réparatrices proposées sont circonscrites dans le temps et limitées au contrat. En dehors des punitions le père peut retrouver sa place de père, avec l’autorité qui lui est nécessaire. L’ordre hiérarchique qui a été bafoué par l’inceste se doit d’être remis en place si l’on veut que la famille se répare.
d) Excuses et réparations pour la fratrie
Les frères et soeurs même non abusés du point de vue sexuel, ont été abusé moralement, car ce drame détruit la famille et ils en sont eux aussi des victimes.
Exceptions
Nous voyons deux conditions limitantes à l’intervention :
– Les cas ou la mère est clairement complice du père, consciente de ce qui se passait et non protectrice. Ces cas existent.
– Les cas ou la victime est enfant unique. En effet il faut nécessairement qu’il y ait une fratrie, ou tout au moins la présence d’autres personnes que la victime et les parents dans la maison (grand-parents, tante, cousines, etc…).
On rencontrera des situations ne permettant pas d’appliquer la grille du modèle en son entier, pourtant on constate qu’il est possible de n’utiliser que certains points de l’intervention globale. Celle-ci se présente en fait, comme un ensemble d’interventions qui, en s’articulant les unes aux autres font un modèle, mais qui chacune prises séparément peuvent déjà être utiles.
Ainsi, dans le cas particulier d’une situation d’inceste avec un enfant unique, le point de l’intervention portant sur « mettre les enfants ensemble », ne pourra se faire, mais tous les autres points restent applicables.
Dans un grand nombre de situations seule la deuxième partie (excuses et réparation) sera utile et applicable.
Cas cliniques
Cas 1: Suspicions fondées
Une assistante sociale d’un Service de Protection de la Jeunesse, reçoit une plainte d’une école concernant un abus sexuel perpétré sur un jeune garçon immigré de 7 ans, ayant trois frères. Elle est chargée d’effectuer une mission de surveillance dans sa famille.
Des examens médicaux montrent qu’il y a eu pénétration anale et l’enfant reconnaît qu’il a été abusé, mais il refuse de dire par qui.
Les soupçons se portent bien sûr sur le père mais également sur l’oncle de l’enfant, car celui-ci habite sur le chemin entre l’école et la maison et les parents travaillant tard, les enfants restent souvent les fins d’après-midi chez leur oncle.
L’assistante sociale s’est rendue dans la famille et a appliqué l’intervention telle qu’elle a été décrite plus avant.
À sa première visite, l’ambiance dans la famille lui semble sinistre, la mère se tait et semble complètement dépressive, les enfants sont renfermés, taciturnes, gris. Le père, lui, se montre tout puissant, disant haut et fort qu’il est innocent, que sa religion lui interdit l’inceste, qu’il va toute les semaines à l’office religieux…
Après s’être assurée que tous les enfants dormaient bien dans la même chambre suite à ses instructions, l’assistante sociale ne revient dans la famille qu’un mois plus tard, conformément aux exigences du Juge.
Elle décrit alors qu’à son grand étonnement, elle trouve les enfants riants, heureux. La mère est détendue et semble sortie de sa dépression. L’assistante sociale s’enquiert du père et elle apprend qu’il a quitté le domicile conjugal spontanément.
Elle apprendra aussi que les trois autres enfants avaient eux aussi subi des attouchements. À aucun moment la mère ne dira, « mon mari a abusé de mes enfants », le secret est devenu un secret de Polichinelle, face à l’assistante sociale qui, n’ayant eu aucun aveux clairs, ne peut porter plainte.
En attendant, le père est parti et l’inceste a été arrêté, ce qui est l’objectif premier de notre intervention.
Si l’intervenante avait essayé d’obtenir des informations de manière directe, chacun aurait fait bloc pour garder le secret et éviter au père la prison.
Les enfants n’auraient pas osé en parler entre eux ou à la mère, chacun faisant la sourde oreille à ce qui se passe, pour éviter d’avoir a prendre position. Ici on leur a offert une vraie possibilité de prendre position puisqu’ils n’ont pas été contraints de le dénoncer et de le faire mettre en prison.
On le voit, ici, l’intervention a agit un peu comme un virus qui une fois qu’il est introduit, va se développer dans la famille, seul, sans qu’on ait plus besoin de faire quelque chose.
Cas 2 : Suspicions non fondées
Une assistante sociale d’un Service de Protection de la Jeunesse reçoit la plainte d’une maman demandant que le droit de visite du père soit retiré. Il y a trois filles de 12, 11 et 6 ans et un garçon de 1 an.
La fille de 11 ans dit que son père l’a abusée, la fille de 12 ans dit qu’elle n’a rien vécu, mais qu’elle ne dira rien, la fille de 6 ans dit que rien ne s’est passé pour elle. Le père nie farouchement toutes ces accusations.
Pour essayer d’y voir plus clair, l’assistante sociale envoie les filles chez une gynécologue qui après examen dit, au téléphone, qu’elles ont toutes les trois été abusées ( elle précise pénétration anale et vaginale).
L’assistante sociale prend alors la décision de mettre les filles en observation dans un hôpital, pour 75 jours (procédure de mise en observation classique).
À hôpital, on ne veut pas confirmer ce qu’a déclaré la gynécologue qui elle, de son côté, ne veut pas consigner par écrit, les résultats de ses investigations !
Parallèlement, l’assistante sociale rencontre la tante des filles qui a recueilli les aveux de la fille de 11 ans. Cette dame présente un comportement psychotique et dit détester le père, elle explique que pour la faire parler, elle a fait jouer la scène à la petite.
Après supervision, l’assistante sociale décide de faire l’intervention dans cette famille ( excepté le point : « mettre les enfants ensemble » puisque le père vit ailleurs).
Elle insiste notamment sur le fait que ce dont on accuse le père est très grave, et qu’il peut aller en prison pour ça.
Peu après la réunion, la fille ayant parlé d’abus, téléphona à sa mère de hôpital, pour lui dire qu’elle avait menti, pour que papa ne vienne plus à la maison (peur de violence vis-à-vis de la mère dans le cadre du divorce).
Les deux sœurs confirmèrent qu’il ne s’était rien passé. L’idée leur était venue de leur tante qui sans cesse leur posait des questions sur ce que papa avait peut-être pu faire avec elles.
On le voit dans ce cas, le modèle a servi non pas a confirmer mais a infirmer des allégations d’inceste.
Pourtant l’assistante sociale était bien prête à mettre en marche la machine judiciaire.
La seule chose qui la retenait était l’attitude de hôpital qui ne voulait pas confirmer les dires de la gynécologue, sans vouloir pour autant les contredire à 100 %.
Mais pour pouvoir supprimer le droit de visite au-delà des 75 jours, elle n’aurait pas eu d’autre choix que de dénoncer les suspicions.
Conclusions
Si comme on l’affirme généralement, seulement deux cas d’inceste sur cinquante arrivent devant la Justice, cela signifie qu’un nombre incalculable de situations d’inceste restent intouchées.
Quand il semble difficile pour l’intervenant de parler de possibilité d’inceste parce qu’il n’y a que de vagues doutes, le modèle est facilement utilisable du fait de sa douceur et de sa non-intrusion. En effet, le modèle respecte à la fois les personnes, mais aussi la loi [un des fondements constitutionnels de la Démocratie étant qu’une personne est présumée innocente tant qu’on a pas pu prouver sa culpabilité].
Lorsque l’on ne respecte pas ce principe fondamental, on dresse involontairement les barrières du déni et de la peur des conséquences sociales d’une intervention, diminuant ainsi les chances que la maman ouvre les yeux et les oreilles, que le père avoue familialement, répare et que l’enfant cicatrise la blessure faite par l’inceste.
L’intervention n’est pas hors la loi non plus, elle ne couvre pas le crime, mais se donne les moyens de le débusquer, de l’arrêter, de prévenir sa récidive, de le traiter, ce qui est l’essentiel pour les auteurs qui sont psychothérapeutes et non policiers.
En rien il ne faudrait comprendre que nous tentons d’éviter l’emprisonnement. Ce n’est simplement pas notre travail, même si cette possibilité est ouverte dans les « excuses-réparations », mais alors c’est à la famille toute entière, qu’il incombe de choisir les moyens de réparer.
L’intervention permet une restructuration écologique de la famille, qui permet à celle-ci de se défendre de l’intérieur et d’utiliser ses propres ressources (M.H. Erikson, The Collected Papers, Edition Irvington Publisb-hers, New-York, 1980).
A priori, nous n’avons pas comme objectif thérapeutique :
– la mise en prison du père ;
– le divorce ou la séparation des parents.
C’est à eux d’en décider.
Il est important de rappeler que l’objectif minimal de cette intervention est l’arrêt des abus sexuels et d’ouvrir une occasion de cicatrisation en profondeur à long terme.
Si un couple, dont le mari bat sa femme, vient nous voir, le projet thérapeutique que nous devons avoir est d’aider chacun des membres du couple à aller vers un mieux être, et le divorce sera peut-être une des solutions. Mais si d’emblée nous décidons que ce mari est un monstre et que la femme doit divorcer, non seulement c’est de l’ingérence thérapeutique (le thérapeute sort de sa position de neutralité), il y a beaucoup de chance pour que le couple se sauve et ne revienne jamais.
Dans le domaine de l’inceste, bien trop souvent les intervenants ont perdu leur neutralité, pour des raisons de contre-transfert violent bien compréhensible.
Mais quel droit avons nous de coller systématiquement sur le front de ces mères cette nouvelle étiquette de « femme d’abuseur » ? De quel droit décide-t-on d’emblée que cet homme ne changera jamais ?
Nous pensons que c’est la meilleure façon d’empêcher définitivement cette famille de se reconstruire en rigidifiant le système.
Tous et toutes, nous devons rester attentifs aux risques de dérive qui pourrait survenir, si comme le désirent certains thérapeutes, seul leur diagnostic pourrait suffire pour faire mettre les pères en prison.
On commence déjà à voir les dégâts causés par des thérapeutes persuadés que l’enfant se faisait abuser par son père et qui ont dirigé l’entretien dans ce sens.
Nous pensons que dès qu’un thérapeute perd son objectivité dans ces situations, il ne peut plus être efficace, à la fois, car comme l’a démontré H. Van Gijsseghem, il risque d’obtenir des aveux qui n’ont aucun fondement, mais aussi il paralyse tout le système familial, qui connaissant son rôle d’enquêteur policier, ne peut entamer le moindre travail thérapeutique.
Dans ce contexte plus que jamais mi-flic, mi-raisin, comment ne pas se sentir perdu, quand notre mission première qui est d’aider et de soigner passe en second plan ?
L’intervention offre à chaque intervenant la possibilité de « redevenir thérapeute » dans ce contexte délicat qu’est l’inceste, elle nous oblige a redevenir respectueux des individus et stratèges dans nos interventions.
Remerciements.
Je remercie l’ensemble des travailleurs sociaux des Services d’Aide et de Protection de la Jeunesse, qui m’ont témoigné leur confiance, en apportant au superviseur que je suis, de nombreux cas d’inceste ou de suspicions d’inceste.
Sans eux, le présent article, et ses concepts, n’auraient pas vu le jour.
Je les remercie pour leur courage et l’excellent travail de première ligne, qu’ils font dans des conditions souvent difficiles.
G. Brassine
Bibliographie.
MADANE CLOE, The violence of men, San Francisco, édition Jossey-Bass, 1995. 7. MILTON H. ERICKSON, The Collected Papers, New-York, édition Irvington Publishers, 1980.
SUMMIT ROLAND C. M.D., The child sexual abuse accomodation syndrome, in « Child abuse and neglect », 1983, pages. 177 à 193.
VAN GIJSSEGHEM HUBERT , L’enfant mis à nu , Montréal, édition du Méridien. 95
TREPPER TERRYS – JO BARRETT MARY, Systemic treatment of incest, New-York, édition Brunner-Mazel, 1994.
WITTEZAELE JEAN-JACQUES -GARCIA TERESA , À la recherche de l’école de Palo Alto, Paris, Edition Seuil, 1992.
ZEIG JEFFREY K., Ph. D., Ericksonian Methods : The essence of the story, New-York, Brunner-Mazel, 1989.
P.S. L’auteur souhaite que les personnes qui utiliseront le modèle exposé ici lui fassent part de leurs expériences à des fins de publication.
English Version
An ecological treatment of incest
In memory of John Weakland, a generous and modest teacher.
General Considerations
Introduction
In the psychosocial field, incest is a situation with which few mental health professionals like to be confronted.
It is difficult to remain neutral towards incest. The act automatically awakens in all of us what would be called by some as a « negative counter-transfer », where anger, incomprehension and indignation are mingled.
These situations are often delicate and thorny, and treating them is a path full of traps and pitfalls.
Incest, once it has been discovered, (or as is more often the case, suspected), is approached from two different aspects that should be kept distinct one from the other:
– the investigative aspect
– the therapeutic aspect.
In real life situations, one observes the total confusion of therapists who mix these two roles; this sometimes happens without their realising it. In this article, we develop te idea that this confusion of roles can be a major factor in provoking the resistances usually encountered in incestuous families.
The treatment we propose, is termed « ecological », because it uses resistances as a resource through counter-paradox. The main resistance is, of course, secrecy, and the treatment goes, in the direction of maintaining this secrecy, so as paradoxically to reveal it. All the internal resources of each member of the family are used in the treatment.
The objective of this treatment is to render the practice of incest impossible or practically impossible by changing the structure of the family relationships which had allowed incest to occur. In the second phase, in-depth work is carried out to heal the psychological wounds which the incest has caused.
It is not claimed that this approach can resolve all incestuous situations; far from it. The value of this model may only be as a tool to introduce some gentleness in a disturbed family model without increasing their resistance; this approach maximises the chances of the professional being accepted by the family and being able to work with them.
It is sometimes the least one can accomplish, in the numerous situations where there is only a suspicion of incest which is the situation in about 70% of the cases of incest reported by the Staff of the Youth Help Services and Youth Protection Services of the French-speaking Community of Belgium.
This model will often only be a preliminary treatment, paving the way for in-depth work at a later stage, but it aims at least to lead to the termination of incestuous practices, revealing the truth of the situation and provoking a crisis which can be the basis for further in-depth restructuring work.
Cultural difficulties are encountered in this model, such as having to explain to children in front of their parents what sex is, and, worse, having to discuss healthy and unhealthy sex, without having been asked to do so.
The authors work generally according to the principle of Brief Therapy (Paolo Alto School). This approach is based on the principles of cybernetics and excludes the moral norms of traditional psychopathology. It is applied only in response to a specific complaint; there must be a call for help or suffering.
We now know that the incest syndrome is characterised by self accusation and secrecy surrounding the act. (Usually the child will not complain, or will do so only after years of abuse for which he himself takes the blame).
It was thought for a long time that, in most cases of incest, the Palo Alto model was inappropriate. However, we must stress that the dynamic of the treatment proposed here derives from a systemic reasoning model and remains faithful to the fundamental principles of the Palo Alto School. (1)
Half Therapist-Half Cop
About 10 to 15 years ago psychosocial circles in Belgium, were startled and shaken by a series of articles dealing with incest emanating from the United States, especially those by Roland Summit (2). The articles brutally revealed that, contrary to what had been commonly accepted up to then, « when a child declares that he has been a victim of incest, one has to believe him, for he always tells the truth ». A child’s innocence could not invent or imitate adult games, particularly relating to unhealthy sexual relations.
So, incest was really there and was being practised in all layers of society and in all types of families and neighbourly relationships! This revelation was like an electric-shock to the Belgian psychosocial world, which reacted with a pervading hysteria and pursued a real witchhunt, which ignored the distance which should to be maintained between repressive police behaviour and the more opened-minded therapeutic approach.
In Belgium this hysteria reached the point where a child was placed in care for a month (and the father found guilty) because she had said at school that she enjoyed « making love with Daddy », even though these were only the words of a child.
Accuse, denounce, imprison: this approach ignores too quickly that we are above all mental health professionals, that our role is to treat and help, and not to repress at all costs. It is astonishing that some therapists, probably convinced that they are acting “in the child’s best interest », systematically include prison, divorce and separation in their therapeutic tools and objectives.
We consider it preferable that people should be encouraged to take their own decisions on issues like complaints to the police or divorce.
We unfortunately have to emphasise, moreover, that most current methods do not offer a guarantee – which in our opinion should be fundamental – of stopping incest. The authors hope that the model described in this paper can contribute to giving this guarantee, using all the resources available.
We learn that in the United States, many men found guilty of paedophilia or incest are cleared of these false accusations soon afterwards in an appeal court. These trials and imprisonments occur after accusations made to the authorities by children who seem to be telling the truth. We can suppose that these children are led into lies and fabrication by the waves of hysteria and panic of the adults surrounding them.
Hubert Van Gijsseghem, a Belgian psychologist trained in Canada, has clearly established that, when putting questions to a child in a suggestive way, one can stimulate false memories, especially if the child is interrogated, as is often the case, a great number of times by a range of different people from mother, teacher, and psychologist to policeman. Indeed the same phenomenon also applies to adults. (3)
Knowing now that these practices lead to false results, one realises the importance of conducting interviews in a non-suggestive manner. It seems that policemen are trained for this type of questioning. Psychologists, on the other hand, are trained to ask suggestive questions for a therapeutic objective (re-framing amongst other things). One must underline therefore that, although this practice may be useful in the framework of therapy, it is catastrophic when used to gather initial information at a stage where incest is only suspected.
Legally, the justice system in Belgium can only act in a case of incest if there is concrete proof of the abuser’s guilt. Such proof can consist of a confession on the part of the abuser or a witness.
If the abuser denies the accusation, and there is no witness, the child’s complaint does not in itself constitute sufficient proof, even if the judge can, according to his own conviction, decide to believe the child or the father.
In our experience, in most cases, the complaint does not come from the child but from a person external to the family circle, who suspects incest (for example: a teacher who notices a behavioural change in the child).
A mental health professional who feels in his soul and conscience that a father abuses one of his children often feels an overwhelming urge to isolate the father. He will try to obtain the child’s confession (asking suggestive questions), often admitting that his aim is to send the father to prison. In this way, he confuses his role as therapist with that of policeman.
In the particular case of a social worker, working on the staff of a Youth Protection Service or a Youth Help Service, under the heading of psychology, he too can think that for the child’s wellbeing, the father should confess his guilt, even if this leads to prison. The social worker’s role obliges him to bring all known cases of paedophilia to his superior’s knowledge. Any cooperation in this situation will therefore be next to impossible.
What is still the exception here in Belgium (the obligation of the staff of Youth Help Services or Youth Protection Services to inform the authorities) is the norm in most states of the United States, as it is in France, the United Kingdom, Canada, Australia and other countries.
In Belgium in the case of other professionals concerned, (psychologists, doctors, social workers, teachers) the law allows them not to report the facts coming to their notice on condition that they take charge of the situation, in one way or another, and that they make sure the abuse is not repeated.
Belgium can therefore congratulate itself in that it allows health and mental health professionals a certain room for manoeuvre.
Already in the framework of Youth Help and Protection Services: Between Charybdis and Scylla
Those who form judgements on incest (judges, counsellors or directors) solely on the basis of suspicions supported by an expert’s opinion, but without sufficient evidence to prove them, are faced with two alternatives, both of which are unsatisfactory and guilt generating.
The child is placed in care, for his own protection, and is told something like: « ..it is for your own good.. ».
Even if he understands the social worker’s good intentions, he is then locked in what seems to him to be nothing but a prison, and he is excluded like a pariah from the family home.
The little phrase “for your own good” is too flimsy an excuse to hide what represents for the child yet another injustice.
For a child this is the « injustice of justice », an extra wound and a lesson. It gives the child the implicit subtle message that, in one way or another, he is responsible for the abuse. Whatever is said or intended this is the message that comes across when the child is uprooted from his family and placed in care. (4)
And what, in this case, can be done for the remaining brothers and sisters in the family? What if the doubts were founded? How does one know they were not victims too?
In the face of this injustice by the justice system, which often occurs, some try to find other solutions. A judge, once the facts have clearly been established, may offer the incestuous father the solution of leaving the family home or of doing preventive prison time while awaiting trail, thereby leaving the victim in his own home.
The other alternative, perhaps the more agonising choice, is to leave the child in the family. But what if the suspicions were true?
We should add that, according to our evaluation of the Youth Help Services and the Youth Protection Services, around 70% of incest cases are only, in legal terms, suspected incest. Professionals in this field are, therefore, often caught between these alternatives.
Once proof has been established, the abuser will go to prison (often long after the establishment of the facts). The professional can see the following advantages in imprisonment as a solution:
– The child gets social recognition for what he has suffered;
– The child is, for the time being, protected from the father.
But we are beginning to see the numerous disadvantages in this:
– the break-up of the family; the frequent rejection of the abused child by his mother, brothers and sisters;
– the decreasing possibility of the fathers’ admitting the facts and apologising;
– and most of all, the child’s guilt generated by the fact that he has sent his father to jail, despite the love he feels for that father for his other qualities.
On the other hand, once his prison sentence is over, how can one be certain that the father is cured? His return to the family is a problem too, for no one can guarantee that he will not re-offend. But is life-long exclusion the best solution?
Consequently, the responsibilities shared by judges, directors and counsellors is enormous, constrained as they are to constantly navigate between Charybdis and Scylla.
According to Hubert Van Gijsseghem, one should, ideally avoid the confusion between a « help mandate » and an « investigative mandate ». It is certain that this would clearly be the best solution. One must consider, however, the realities and the approach proposed here offers a different therapeutic work method, despite – and taking account of – these two contradictory roles.
Of course we don’t think this tool will be necessarily the most adequate or even applicable in all situations. It will however allow for action, even in the most difficult situations, where there is doubt about the identity of the abuser or even of the existence of sexual abuse.
It offers the prospects of treating families in which there is a suspicion of incest in a short space of time. In this way it targets as a minimal primary objective, the ending of the sexual practices in question.
The Therapy
This therapy is appropriate and useful in all cases where there is an allegation of incest. It will equally be applicable in a situation where the father returns to the home, after prison.
Premises
It seems obvious that a professional with a psychological role, but who has a certain investigatory approach or simply aims to get the father to confess, will, typically, observe the following reactions on meeting the family:
– the father fiercely denies the accusation,
– the child retracts or becomes silent,
– the mother refuses to believe the accusation has any basis.
The professional therefore finds himself in a hostile environment in which he can expect no cooperation. Surprisingly, he does not understand that he may have helped to create this hostile environment, at least partially, because of good motives such as:
– the father must be got to confess (for the victim’s sake).
– the father must pay by going to prison (so as the victim can realise that she is in no way guilty for what has happened).
Once the professional introduces himself with these legal/therapeutical objectives, he will build up his own resistances (hasty reactions), that he himself will interpret as psychopathological signs typical of the interaction prevailing in incestuous families!
We see mothers accused of tacit complicity as long as they do not take the decision to denounce their husbands and throw them out. It therefore seems understandable that once these mothers are asked to “take a position”, when this is synonymous with divorce, then they will not take this forced decision under pressure. We even think they may postpone any ideas they may have had in this direction.
To what are they reacting when they tell the professional: « I don’t believe you »? We think they essentially react to the « police approach » and to the harm this implies for the family.
In the face of the threat of seeing their husbands go to prison, when he is often the sole bread-winner, the professional, though not realising it, accentuates the possibility of causing maternal denial (denial in the psychoanalytic sense).
We know that the unconscious, faced with a reality which that is to difficult to accept, has a tendency to protect the conscious by filtering out the information that would confirm this reality. It is clear that only the unconscious has already understood what is unacceptable. It is the existence of this defence mechanism that creates the supposition that the mother is an accomplice.
The mother faced with incest must at the same time accept the idea of having been betrayed by her husband and that her rivals are her children. Additionally there is the guilt of not having protected them.
How many betrayed husbands or wives have involuntarily shut their eyes to the evidence, sometimes crying out with a truth they did not want to see because they found it too difficult to accept? But they are only confronted with one of the three « horrors » which a mother has to absorb at the same time in cases of incest.
When the professional threatens prison implicitly or explicitly, the mother will realise above all the social and personal consequences she will have to face if the facts are verified. This is also the reason why the mother will sometimes sacrifice the fate of the child to a lesser evil.
To overcome these defence reflexes and the instinct to protect the family we offer the mother, in this model, an opportunity to find out for herself if the suspicions are founded. This involves removing the pressure of threats of imprisonment and implicit accusations of complicity.
The model gives the necessary information to facilitate acceptance and respects the mother by offering her sufficient time to swallow and assimilate the unpalatable.
We also discover that an incestuous father often acts in an isolated manner; if there are many children, he will rarely abuse just one, but rather abuses girls and boys indiscriminately, but with such secrecy that no single child suspects that the father abuses the others.
As long as the father maintains this isolation (non-communication between the children, separation at night), he can continue to abuse his victims without much risk.
We know that it is often when one of the children finds out that his younger brother or sister is suffering abuse, that he will decide to reveal his own secret.
This model takes all these factors into account.
Method of the intervention
a) Go to the family home; and gather all members of the family together to start the treatment.
b) « It has been said in this family that Daddy, or another man, has done… (tell the exact facts as they are known with the concrete details as explained in the child’s own language). Maybe this is true and maybe it is not true ».
« If it is true, it is serious. An adult may not do to a child what has been said…, and if he does he can go to prison for it. In any case no adult may do this (give the full range of sexual acts an adult can impose on a child, in an informative manner, always in a language comprehensible to the child. Speak also of healthy sex).
« If the accusation is wrong, this is also serious, for it would be a lie or a mistake that might wrongly accuse Daddy or another man ».
« I now have to tell you straight away that, if you tell me that the suspicions which have brought me here are true, I have to inform the police ».
« If the suspicions are true, you must know, children, that Daddy (or this man) suffers from an illness and needs your help, to stop that illness and get better », (re-framing).
« As we are all in doubt as to the real situation, I’m going to propose something that will reassure us all: as from tonight, I want all the children to sleep in the same room (if they are too many, split them into two rooms, with one of the eldest in each room), and if one night, Daddy should come into the room to do again what it is said he has been doing, then children, you will all have to scream together « no », so as to help your Daddy to stop.”
c) Notions of explanation and reparation must be introduced even at this stage.
While insisting on the fact that nothing may have happened, one might say:
« If what has been said were true, it would require reparation ». Children live in a world where when something forbidden is done, it has to be punished.
« So you, members of this family, you must think of what the punishment should be for what has been done.” This applies to the parents as well as the children – as the mother or father may have been wronged.
« Don’t say anything for the moment but think about it, alone and together. »
We may give examples of punishment such as: regular work for the family, homework, money for the children’s higher education etc. Each punishment must be decided by the family and always have a beginning and an end; it is usually up to the mother to check that the punishment has been carried out.
d) It must be verified that everything has been understood and the new bedroom arrangements will be carried out. This must be checked in a later visit.
e) Come back a second time to see how the treatment is being followed and what the results have been – formal proceedings against the perpetrator, reporting to the police, requests for psychological aid or the end of suspicions.
Analysis of the treatment
The main points of the treatment will follow this schema.
INTERVENTION
a) Doubts: maybe yes, maybe no.
b) Cards laid on table: reminder of duty towards the Youth Help Services and Youth Protection Services (if you talk to me I must file a complaint).
c) Information: speak a concrete language on healthy and unhealthy sex; language which is understandable to children.
d) The rule: information on the prohibition of incest and paedophilia in a global manner to the children.
e) Re-framing: the abuser is re-framed as being ill and needing to be helped.
f) A solution: put the children together and ask them to scream « no ».
APOLOGIES AND REPARATION:
a) of an incestuous abuser (by himself).
b) for the wife, as a woman and as a mother.
c) for the abused child, and even for his brothers and sisters who have not been abused.
DEVELOPMENT:
1. Intervention
a) The Doubt
On meeting the family and saying « maybe yes, maybe no », we firstly respect one of the most important principles of democracies which is that a person remains innocent until proven guilty – this is called the « presumption of innocence ».
From the therapeutic point of view, we will also see that when we encounter the family without being accusatory, we avoid the usual resistances (blanket denial of father and mother, silence of all).
The father, if he does not feel attacked, can only see that it is in his own interest to cooperate with the proposed tasks.
The mother, when she does not have to devote all her energy and attention to protecting her family, can then take the time to open her eyes and ears, and to judge the truth for herself.
The children, not being worried any longer by the consequences of what they have revealed or might reveal, can then listen to the proposed solution, participate in it, and most of all finally communicate amongst themselves.
This also facilitates communication between the mother and her children.
b) Cards on the table
The reminder of the duty that obliges the professional who works with a Youth Help Service or an Youth Protection Service, to report all cases of paedophilia that come to his knowledge, is essential.
This blunt, open threat offers the advantage of being clear and self-explanatory.
Paradoxically, saying loud and clear what people expect of us gives them confidence in us. This attitude confirms that our main concern is to see the incest stop and a reparatin process begin.
If we are not clear and frank, either people understand our true position anyway and will not cooperate or alternatively they may believe the professional wants to help until he gets his confessions; at this stage the professional stops “helping” and assumes a police role and denounces those who have revealed things to him in confidence.
We think that this is extremely perverse in itself.
c) Information
The treatment involves the major difficulty of speaking to the children in front of their parents of healthy and unhealthy sexual relationships.
It might seem strange to speak also of healthy sex, but this is essential if we do not want to scare children off sex in general.
We must realise the real and understandable discomfort felt by professionals carrying out this task.
However, when one is faced with children suffering from sexual abuse, sometimes daily, this is worth putting up with.
Too often we hear of professionals attempting communication in terms which are incomprehensible to children such as: sexual abuse, fondling, incest, penetration and sodomy.
Others, fearing to tell it as it is, will use a vague and ill-defined vocabulary. But how can a child trust an adult who speaks a language he does not understand, an adult who seems to find it difficult to describe, in simple words, what he suffers regularly?
Even if in the best of cases the child understands the meaning of the terms, is he not then a prisoner of the implicit prohibition on speaking openly of what has happened to him?
The sense of hypocrisy that the child feels must be is enormous.
In a system where it is secrecy that does most damage, taboos must of necessity be abolished.
d) The rule
It may seem normal to give clear and concrete information on the prohibition of incest and paedophilia in general, but in fact such information is rarely given, probably because of the embarrassment of speaking to a child of sex. But if so many men can abuse children it is also because of we leave children in ignorance. The cultural taboos about sex make us, unwittingly, accomplices.
We observe that the majority of children who tolerate incest do so essentially because they do not know it is forbidden.
It is only when they start talking about sex at school, with children of their own age, that they realise that what they are undergoing is not « normal ». They are very surprised to find out that what they endure does not happen in all families.
It is as if the adult world does not have enough confidence in a child’s capacity to protect himself, as if it doubts the child’s ability to say « no », or even that he would take advantage of the information to invent stories!
A child who is not informed about the prohibition of incest, cannot distinguish between the authority behind an order such as « eat up your dinner » and « take down your knickers ». He therefore does not know that he can say « no ».
In a great number of families, the simple fact of giving this information will be sufficient to put an end to incest by provoking, sometimes in a delayed action, reactions in the children and the mother, leading to the father ceasing the practice.
e) Reframing
In reframing the father as being « ill », we facilitate the maximum possibility that a child might say « stop », enabling him to apply this treatment himself, to his father.
Faced with a person of authority, the child must not only have information but also have a lot of courage to oppose this authority. However, if he understands that it is for his father’s good that he should say « no », he does not act as a rebel any longer but more as a helper to his father.
We know that the incestuous aggressor is only rarely a rapist, and that he needs to believe in his child’s desire and complicity. The paedophile, incestuous or not, sometimes spends a let of time and energy seducing and manipulating the child so as to gain his “cooperation”.
Faced with a clear « no », they are incapable to going further, since their usual cognitive distortions cannot function any longer (they usually like to think that the child enjoys the act, desires him, that it is for his own good…).
f) A solution
Putting the children in the same room and asking them to scream « no » together breaks down their isolation in two ways:
– As we have seen, the father needs to maintain his secret with each victim; if all the children sleep together, he will not be able to abuse them – at least at night.
– Often this will encourage children to talk among themselves. Being no longer silenced by the fear of consequences of the end of secrecy and encouraged by the « help to be given to the abuser », they can finally tell each other themselves what they would never have dared before. We know that a child will often file a complaint once he discovers that his younger brother or his sister is abused too. This breaking down of isolation is therefore very powerful.
By talking together, the children thereby establish an attitude of benevolent solidarity towards the father’s abuse – he must be ill because one does not do that.
As we can see what this model introduces primarily in the family is communication. In incestuous families, secrecy dominates and in our view talk is the best and principal antidote.
Apologies and reparation leading to healing the wounds
(the importance of acknowledgement)
It is important to understand that this second part, aims to heal the wound, thorough apologies and reparation, which are the long-term restructuring themes started in the family. In the first place, this allows the mother to re-position herself in the drama, realising that she too is also a victim both as a betrayed wife and as the mother of an abused child.
Apologies are worth nothing without reparation and reparation has no value without apologies (5). This is the basis on which the « apologies and reparation » part is constructed.
We think that acknowledgement alone, without taking a concrete stand, can be even more terrible than no acknowledgement at all. A mother who tells her daughter « I believe you » but does not a take a position in relation to what she is saying, is undoubtedly more destabilising for the child than a mother who says « I don’t believe you », and maintains an attitude which is consistent with this statement.
In the same way, we see that from a therapeutic point of view, when a father goes to jail, without having apologised to his family for the harm he has caused, this has no healing value for his family and children.
If imprisonment is a social acknowledgement for the child, it bears no relation to a family acknowledgement involving apologies and expressions of regret.
Moreover, insisting that the mother and children choose the reparation due gives full acknowledgement to the fact that they are the victims.
Many mothers and children feel guilty for what has happened in one way or another, often because the therapist has unwittingly passed this message to them (the wife is seen, or sees herself as an accomplice, the daughter as provocative, the other children as not wanting to help the victim).
By telling them they have the right to reparation, we transmit the message that they are in no way responsible of what has happened, and that for us the entire responsibility is that of the abuser.
a) The abuser’s apologies and reparation
We discover more and more that the abuser, contrary to what we might think, has a deep feeling of guilt because of to his actions. The cognitive distortions referred to above happen essentially to give him better control of this feeling.
But once confronted with reality (the child was constrained and forced and did not get any pleasure out of the abuse), some try to commit suicide. This suicide is sometimes unconscious such as the development of a psychosomatic illness (6).
This is why we ask the father to impose on himself the reparation and punishment appropriate to his acts. This will avoid his creating unconscious punishments which often burden the victim of the incest with even greater guilt.
After having done a jail sentence, it is useful to ask him to make restitution for his acts not only to society but to his victims.
b) Apologies and reparation for the mother both as a mother and as a woman
It is important not to forget that the mother, apart from than the anger she feels because of the wrong done to her children, also feels anger for having been betrayed by her husband; double reparation is therefore necessary.
We sometimes see, at this stage, mothers deciding to file complaints, which is exactly what they would have resisted if it had been imposed on them.
As soon as the sentence comes from within the family system, it takes on another sense and is therefore really therapeutic.
c) Apologies and reparation for the abused child
It is of the utmost importance for the child to see not only that the father is sorry and stops the abuse that he but is also prepared to make reparation.
The child learns very young that when we do forbidden actions, we are punished. Even if he is told that incest if forbidden, if the act has no consequences, he will see this whole episode as an injustice.
The child can choose with his mother a light punishment that will be within his understanding and will really mean something.
By carrying out his punishment, the father gives real value to his apologies and the mother, making sure that the punishment is followed, takes a stand for the child.
Moreover, we then avoid the situation, frequently encountered, whereby we see a father, feeling guilty for what he has done, being #006699mailed by a child who has become so powerful that he gets he gets everything he wants.
The punitive punishment is limited in time and to the terms of the contract. Outside the punishment the father can regain his position as a father, and the authority that goes with it. The hierarchical order, disrupted by the incest, has to be restored if the family is to be repaired.
d) Apologies and reparation for the other children
Even the brothers and sisters who have not been sexually abused were morally abused in that the family was damaged and, in this sense, they are victims too.
Exceptions
We see two conditions limiting the suitability of the treatment:
– Cases where the mother is clearly the fathers’ accomplice, conscious of what is going on but unprotective of her child. Such cases exist.
– Cases of only children. There must necessarily be brothers or sisters, or at least the presence of people other than the victim and his parents in the household (e.g. grandparents, aunt, cousins etc.).
Situations arise that are not suitable for the application of the model in its entirety but where it is still useful to use certain parts of it.
The model is, in fact, made up of separate inter-connected phases each of which can be useful even when applied on its own. The part of the model suggesting that all the children sleep together at night is clearly not applicable in the case of an only child but the rest of the model remains valid.
In many situations only the second part (apologies and reparation), will be useful and applicable.
Clinical Cases
Case 1: Proven Suspicions
Following a complaint by a school concerning sexual abuse perpetrated on a 7-year immigrant old boy with three brothers, a social worker of the Youth Protection Service is asked to is visit the family.
Medical examinations reveal that there has been anal penetration and the child acknowledges he has been abused, but refuses to say by whom.
Suspicion obviously falls on the father but also on the child’s uncle, since he lives halfway between the school and the home and, with the parents both working late, the children often spend their late afternoons at their uncle’s house.
The social worker went to the family and applied the treatment as described above.
On her first visit, the atmosphere in the family seemed to be sinister, the mother did not speak and seemed completely depressed; the children were withdrawn, silent, grey. The father appeared all-powerful, protesting loud and clear that he was innocent, that his religion forbade incest, that he regularly attended religious services.
After having made sure that all the children were sleeping in the same room, following her instructions, the social worker only went back to the family one month later, in accordance with the judge’s instructions.
She then described that to her great surprise she found the children happy and laughing and the mother relaxed and seemingly out of her previous depressive state. The social worker then asked where the father was and was told that he left the family home on his own initiative.
She learnt also that the three other children had also suffered touching. Never did the mother say « my husband abused the children ». The secret was not openly revealed in the presence of the social worker, who not having a clear confession, could not therefore file a complaint.
Meanwhile the father had left and the incest had ended, which was the primary aim of the treatment.
Had the social worker tried to obtain direct information, all the family members would have bound together to protect the secret and avoid the father going to prison.
The children would not have dared talk about it amongst themselves or to the mother, each turning a deaf ear to what was going on, so as to avoid having to take a stand. The treatment made it possible for them to really take a position since they were not forced to denounce the father and to send him to prison.
As we see here, the treatment acts like a virus that, once introduced into the family, develops on its own, spontaneously, without needing any external help.
Case 2 : Unfounded Suspicions
A Youth Protection Service social worker receives a complaint from a mother, asking that the father’s visiting rights be withdrawn. The family has three girls aged 12, 11 and 6 and a boy aged 1.
The 11-year old daughter says her father has abused her. The 12-year old daughter says she has not been abused but she is not willing to elaborate. The 6-year old daughter says nothing has happened to her. The father fiercely denies all the allegations.
So as to get a clear picture of what is going on, the social worker sends all three girls to a gynaecologist who after a thorough examination says on the telephone, that all three have been abused (specifying that the penetration was both anal and vaginal).
The social worker then takes the decision to put the girls under observation in a hospital for 75 days which is the usual period under this procedure.
The hospital is unable to confirm the gynaecologists’ findings and the latter does not wish to confirm the results of her examinations in writing.
At the same time, the social worker meets the girls’ aunt to whom the 11 year old girl had confessed. This woman presents psychotic behaviour and declares that she detests the father. She explains that, in order to get the little girl to talk, she asked her to act out the scene.
At the hospital, after supervision, the social worker decides to apply the treatment to the family (except the point: « put the children together » since the father lives elsewhere).
She stresses the possible consequence of the accusations against the father and that he might be sent to prison.
Shortly after the meeting, the daughter who had spoken of abuse telephoned her mother from the hospital, to say that she had lied, so that Daddy could not come to the house anymore (fear of violence towards the mother in the framework of divorce).
The two sisters confirmed that nothing had happened. The idea came from their aunt who ceaselessly asked them questions on what Daddy might have done with them.
As we see in this case, the model served not to confirm but the allegations of incest but to show they were unfounded. However, the social worker was close to starting the legal procedures. The only thing holding her back was the hospital’s refusal to confirm the gynaecologists’ report, without however being prepared to contradict it fully either.
But in order to suppress visiting rights beyond 75 days, she would have had no choice but to report the suspicions.
Conclusions
As it is generally believed that only two in fifty cases of incest are dealt with by the justice system, it is clear that a substantial number of incest situations remain undisturbed.
When it is difficult for the professional to speak of the possibility of incest because there are only vague doubts, the model can easily be used because of its gentle and non-intrusive nature. In fact, the model respects both the individual and the law (one of the constitutional principles of democracy being that a person is innocent until proven guilty).
When this fundamental principle is not respected, we inevitably build up the barriers of denial and of the fear of the social consequences of treatment. This reduces the chance that the mother will open her eyes and ears; that the father will confess to the family and make reparation; and that the child recovers from the wound caused by incest.
The treatment is not in contravention of the law, nor does not cover up the crime. It provides a means of bringing the facts into the open, stopping the abuse, preventing a recurrence and treating it, which is the interest of the authors, who are psychotherapists and not policemen.
In no way should it be understood that our aim is to avoid imprisonment. This is simply not our job, even if the possibility arises in the « apologies – reparation » phase, but it is then for the entire family to choose the type of reparation.
The treatment fosters an ecological restructuring of the family, which allows it to defend itself from within and to use its own resources (7).
A priori, we do not have a therapeutic objective to:-
– imprison the father.
– cause divorce or separation of the parents; this is for them to decide.
It is important to repeat that the minimal aim of this intervention is to put a stop to the sexual abuse and to provide for long term and deep healing.
If a couple comes to see us, where the husband beats the wife, the therapeutic aim that we must have is to help each member of the couple to go towards a better existence, and divorce may be only one of the possible solutions. But if we decide straight away that this husband is a monster and the wife must divorce, it is not only therapeutic interference (the therapist leaves his neutral position), but there is a strong possibility that the couple will protect itself and never come back.
In the field of incest, professionals too often lose their neutrality, for understandable reasons of strong counter-transfer.
But what right have we to systematically stick on the foreheads of mothers the new label of « abuser’s wife »? What right have we to decide right away that this man will never change?
We think this would be the best way to reinforce the existing situation and prevent the reconstruction of the family.
All of us must remain vigilant to the risks of influencing what could happen, if as some therapists wish, diagnosis alone should suffice to send the fathers to prison.
We are already starting to see the damage caused by therapists convinced that the child was abused by the father and conducting the interview in that direction.
We think that as soon as a therapist looses his objectivity in these situations, he can no longer be effective. As Hubert Van Gijsseghem has demonstrated, he risks getting accusations which are unjustified but he also paralyses the family system, who, conscious of his role as polices investigator cannot embark on any therapeutic work.
In this context, more than ever half therapist half cop, how can we avoid feeling lost when our primary mission, which is to give help and care is relegated to a secondary role?
The treatment offers each professional the possibility of becoming a therapist again in the delicate context of what incest is; it obliges us to recover respect for individuals and strategies in our work.
Gerald Brassine
Social Worker, Founder President of the Milton H. Erickson Institute of Belgium, Brief Therapy Intervention Instructor in the framework of the Youth Help Services and Youth Protection Services, Psychotherapist.
Barbara Briqmane
Psychologist, Ericksonian Psychotherapist. Group Therapist in a Centre dealing with Sexual Delinquents
Acknowledgement
I thank all the social workers of the Youth Help and Protection Services who have shown me their trust since 1989, in bringing to my attention, as their supervisor, numerous cases of incest and suspicions of incest.
Without them, the present article and the concepts it sets out would not have seen the light of day.
I acknowledge their courage and the excellent first line work they carry out, often in difficult conditions.
G. Brassine
Bibliography
« Changes: paradoxes and psychotherapy », Watzlawick, J. Weakland, R.Fish, New-York, pub. Basic Books, 1975
« The child sexual abuse accommodation syndrome », Roland Summitt, in « child abuse and neglect », 1983, page 177 to 193.
« L’enfant mis à nu », Hubert Van Gijsseghem, Montréal, édition du Méridien
« Systemic treatment of incest », Terrt Trepper – Mary Jo Barrett, New-York, Brunner-Mazel, 1994
« Ericksonian methods: the essence of the story », Cloé Madanes, New-York, Brunner-Mazel, 1989. Ed. Jeffrey K. Zeig,Ph. D.
« The violence of men », Cloé Madanes, San Francisco 1995, Jossey-Bass.
« The collected Papers », Milton H. Erickson, New-York, Irvington Publishers, 1980
The author requests that professionals using the model described report their experiences to the author, with a view to publication.